Ah, le Japon… Berceau de ce média qui nous anime. Terre bénie qui vit naître parmi les plus grandes œuvres vidéoludiques. Pour beaucoup, s’y rendre est un rêve inaccessible. Et bien The Centennial Case : A Shijima Story nous permet de pénétrer l’intimité d’une famille japonaise typique et des plus anciennes. De plus, le point suivant mérite d’être soulevé sans attendre : le jeu est réalisé avec la fameuse technique de la FMV (pour Full Motion Video). Ce qui veut dire que nous participons activement au déroulé d’un film. Alors que nous autres vieux briscards ayant débuté sur des machines comme l’Atari 2600 avons connu l’arrivée de la FMV, et cru que nous avions atteint là le point culminant du JV, beaucoup de jeunes gamers ne doivent même pas être au courant que cela existe. Nous dirons que cette technique paraît un peu “cheap” de nos jours.

The Centennial Case pourrait bien changer cet état de fait, si tant est que la presse et les joueurs le mettent en avant, car cette œuvre va bien plus loin que la simple bizarrerie. Nous avons là un très bon jeu qui mérite d’être traité en profondeur. Veuillez suivre le guide.

Le Fruit Défendu

Nous sommes en 2022 à Tokyo, quartier de Kanda-Jinbôchô (si cela parle à quelqu’un), et notre héroïne nommée Kagami Haruka est en pleine séance de dédicaces. Elle est une écrivaine derrière une série de polars à succès suivant les pérégrinations du détective Nishimari Makoto. Celui-ci interprète les us et coutumes d’une autre époque à l’aide de la science, ce pour résoudre des meurtres. Ses aventures passionnent et ce ne sont pas moins de 600 000 exemplaires vendus et d’une exploitation pour le cinéma qui résultèrent des trois volets parus jusqu’à maintenant. Dans ce jeu, de très nombreuses informations sur de multiples sujets sont disponibles à travers divers menus, mais nous y viendrons en abordant le gameplay. Nous allons donc entrer dans la peau d’une écrivaine de best-sellers et ça c’est plutôt cool.

Accompagnée de notre éditrice et amie Akari Yamase, nous signons des exemplaires de “Le meurtre dans le sang”, notre nouvel ouvrage supervisé par Shijima Eiji, expert de la question. Ce dernier c’est d’ailleurs faufilé dans la queue pour avoir son autographe et nous féliciter. Restant pour discuter un peu lorsque tout le monde fut partit, nous apprenons alors que sa présence n’est pas vraiment due à la séance de dédicaces. Eiji nous demande de l’accompagner lors d’un voyage. La famille Shijima, sa famille, est très ancienne et respectueuse des traditions. Pour des raisons qui lui sont personnelles, Eiji s’en est éloigné il y’a de cela plusieurs années. Mais un évènement particulier le rappelle dans la grande demeure familiale au pied du Mont Fuji. Va avoir lieu la Cérémonie du Cerisier qui ne se passe qu’une fois tous les cent ans. Celle-ci est d’une importance capitale, car elle accompagne la transmission, le passage de relai, de “la mission” poursuivie depuis des centaines d’années par la famille Shijima.

A savoir la protection et l’étude du tokijiku no kaku nokonomi, fruit apportant à celui qui le mange la vie éternelle. Seulement, une série de meurtres s’est abattue sur eux depuis lors et une fleur de Camélia fut retrouvée sur chaque scène de crime à travers les siècles. Il nous revient de percer ce mystère.

Mystérieux, n’est-ce pas ? Ne voulant pas prendre le risque d’un quelconque spoil, nous nous arrêterons là en ce qui concerne le scénario. Celui-ci est captivant et une grosse part de l’intérêt du titre se trouve dans cette histoire superbement écrite et couvrant plusieurs époques. D’ailleurs, profitons en pour une petite précision qui a son importance. Chez GeekNPlay, nous aimons agrémenter nos tests de screenshots “maison”. Seulement, ayant testé The Centennial Case : A Shijima Story sur Nintendo Switch et Square Enix ne voulant surtout pas que soit dévoilée l’intrigue de leur dernière production, chose compréhensible, ils ont bloqué la fameuse fonction permettant les screenshots en appuyant sur un simple bouton. Tant pis. Sachez juste que les images que vous verrez dans ce test sont récupérées sur internet. Le jeu est bel et bien entièrement traduit en français dans le texte. Et même si vous ne comprenez pas le japonais, les sous-titres sont là et le talent des acteurs permet de “ressentir” la teneur des propos. L’immersion est parfaite.

“La logique frappe à la porte.” (Nishimari Makoto)

Tout est là. La mimique récurrente du détective imaginaire donne le premier indice pour parvenir à démêler toutes les ficelles de l’intrigue. Rester logique. Et précisons que pour nous aider en cela, la traduction dans notre langue est juste parfaite. Aucune faute, aucune mauvaise tournure de phrase, rien de tout ça. Et pourtant cette œuvre est riche en mots. Pour chaque chapitre de l’histoire, le joueur a accès aux menus des Pistes, Mystères, Hypothèses, Chronologie et Commentaires dans lesquels il trouvera des textes et vidéos sur tous les sujets un tant soit peu intéressants pour le déroulé de l’intrigue, et la compréhension de celle-ci. Il faudra tout lire et tout regarder, plusieurs fois, pour déceler le “petit truc” qui cloche et ainsi se lancer sur un début de piste. L’observation et une bonne mémoire seront primordiales.

Le jeu avance et se déroule peu à peu en suivant le même schéma chapitre par chapitre, meurtre par meurtre. Mais il convient tout d’abord d’appréhender la mise en scène générale. Bien que The Centennial Case : A Shijima Story se passe en 2022, notre héroïne possède la capacité de se “transposer” en esprit dans les histoires qu’elle lit. Haruka n’est pas écrivaine pour rien. Mettant la main sur des écrits relatant certains des meurtres perpétrés dans la famille Shijima, elle se met donc en scène à ces différentes époques. Créant pour l’occasion deux personnages en plus que ceux déjà présents, le sien et celui d’Eiji le détective. Mais ce n’est pas tout. Haruka donne également l’un des rôles à chaque membre de la famille qui l’entoure en notre temps. Vous l’aurez compris, chaque acteur joue donc plusieurs personnages bien différents tout au long du jeu. L’idée est géniale et la performance théâtrale à saluer, mais nous y viendrons en parlant réalisation.

Pour en revenir au gameplay, les choses se présentent ainsi : d’abord la phase où l’histoire nous est contée, donc le film, et pendant laquelle il nous sera parfois demandé d’interagir. Ensuite, le joueur est emmené dans l’esprit de Kagami Haruka qui est représenté par une espèce de long chemin dans les étoiles fait de cases à six faces, des polyèdres pour être précis. Certaines cases posent une question en rapport avec le crime nous intéressant alors. Sur le côté droit de l’écran se trouve toute la scène que nous avons vécue divisée en plusieurs sections que nous pouvons regarder à loisir.

Sous celles-ci, d’autres polyèdres sur lesquels des propositions diverses et variées sont inscrites sont sélectionnables pour les “fusionner” à une question. Si nous avons juste, alors les formes géométriques s’illuminent et créent une ou plusieurs cases apportant des hypothèses. Des dessins sur les polyèdres aident à se repérer et à associer les bonnes pièces du puzzle. Un gigantesque puzzle. Une fois toutes les pièces en place, nous croulons sous les hypothèses diverses et il ne nous reste plus qu’à faire travailler nos méninges à plein régime pour y déceler la vérité.

Une fois une idée mûrement réfléchie en tête, nous pouvons passer à une phase de discussion avec Eiji Shijima. Tenant toujours son rôle de détective dans notre imaginaire, nous sommes donc comme son assistante. S’en suit une série de questions de sa part visant à affiner notre raisonnement avant de se décider à le soumettre aux différents protagonistes et à accuser l’un d’eux d’avoir commis un homicide. Mais que se passe t-il si nous nous fourvoyons ? Et bien déjà nous avons le droit à une scène gênante où notre petite Haruka se confond en excuses devant tout le monde. Lors de ces moments, en tant que joueur nous ressentons sa gêne et nous nous sentons idiot. Nous retournons ensuite sur le “chemin des hypothèses” pour reprendre notre réflexion au début.

Les essais sont infinis mais sachez que le jeu nous octroie une note après chaque affaire résolue et celle-ci sera plus ou moins bonne en fonction de notre nombre d’essais et de certaines de nos actions lors de la partie “film”. Il est possible de demander des indices, mais cela fera également baisser notre score.

Le gameplay de The Centennial Case : A Shijima Story est vraiment très sympathique à jouer. Nous sommes mis à contribution tout au long du jeu et ne nous ennuyons jamais. Le système de puzzle est plaisant et tout est tellement ergonomique que nous naviguons avec plaisir entre les menus pour faire des recherches, entre les vidéos pour y déceler un indice… Un vrai travail d’enquête en jeu vidéo. Réellement, tous les outils et toutes les informations sont là pour nous permettre de découvrir la vérité. mais sachez que la chose est loin d’être simple et demandera toute votre perspicacité. Cela a du être un sacré travail pour les développeurs et les scénaristes de mettre en place ce système et de rédiger toutes ces pages d’informations. Chapeau les artistes.

Ils brûlent les planches dans The Centennial Case : A Shijima Story

Mais que ces acteurs sont bons ! Tenant plusieurs rôles dans le même jeu, nous y croyons pourtant à chaque fois. Pour exemple, l’acteur jouant le grand frère un peu nerveux et pas très futé de la famille Shijima tient pour un moment le rôle d’un tenancier de cabaret. Un homme d’affaires réfléchi. Le contraste entre ces deux rôles est grand et il tient pourtant les deux magnifiquement. Nous oublions que nous avons là le même homme, mais en même temps nous sommes attaché à lui car nous le suivons depuis le début du jeu. Il en va de même pour l’humble jardinier de la famille qui devient l’assistant personnel d’une diva, entre autres, qui se trouve être notre amie éditrice dans la “vraie” vie. Nous oublions que sont les mêmes personnes qui reviennent à chaque changement d’époque, ceux-ci jouant parfaitement, et dans le même temps nous sommes contents de les retrouver. Sentiments contradictoires très agréables.

Réellement, le casting de The Centennial Case : A Shijima Story est parfait. La prouesse d’imaginer plusieurs personnages pour chacun des acteurs fut ici réalisée avec brio. Le travail sur le côté cinématographique du jeu est tout simplement bluffant. Les décors typiques, que ce soit en extérieur ou en intérieur, sont sublimes. Les prises de vues sont très professionnelles, comme dans un vrai film. La musique est juste magnifique et colle parfaitement à l’ambiance du soft, à l’époque du moment joué, à l’action se déroulant à l’écran… Un travail d’une justesse qui laisse pantois. Et qu’en est-il du côté jeu vidéo de la chose ? Et bien sachez que le même soin fut apporté aux graphismes qui se résument ici à l’habillage des différents menus et à la “route pavée” où se passent les plus grosses phases de gameplay.

La navigation est fluide et intuitive alors que les menus sont plutôt fournis. Leur design colle parfaitement au thème du soft. Le mélange entre film et jeu vidéo semble naturel tant tout est raccord. Une harmonie se dégage du jeu de h.a.n.d et Square Enix. Nous sommes bien devant The Centennial Case : A Shijima Story. Détendu et plongé dans une histoire des plus intéressantes.

En plus d’avoir un scénario mystérieux tenant en haleine et des acteurs habités par leurs personnages, nous avons également le droit à une réalisation soignée et à un habillage d’une grande beauté. Comme précisé en introduction, ce jeu n’est pas une bizarrerie quelconque et non plus un délire de développeurs voulant s’amuser. Ce n’est pas une petite production un peu cheap comme nous pouvons en trouver dans les tréfonds des e-shop. Nous avons là un grand jeu. Un thriller interactif superbement écrit. Si vous aimez lire ou que vous êtes cinéphile, jouez-y.

CONCLUSION

Et bien, quelle aventure… Qui aurait pu croire qu’en 2022 le genre si typique et quelque peu oublié de la FMV allait voir arriver l’un de ses meilleurs représentants jamais créé ? Indéniablement, The Centennial Case : A Shijima Story restera l’une des bonnes surprises de l’année 2022. Square Enix aiment parfois épauler des développeurs portant un projet original. Rappelons-nous le tellement fabuleux Forgotton Anne. Les amoureux du Japon ont avec cette nouvelle production une bonne occasion de découvrir un peu le quotidien, les coutumes, d’une famille japonaise typique. Dans un même temps, le jeu se veut également un vrai test de logique. Une œuvre intéressante et qui en plus nous fait utiliser notre matière grise, cela ne se refuse pas. Espérons que ce projet donnera des idées à d’autres créatifs qui verront la technique de la FMV d’un œil nouveau. Un sacré jeu disponible sur Nintendo Switch, PlayStation 4/5 et PC via Steam.

  • Test effectué sur la version Nintendo Switch

The Centennial Case : A Shijima Story

8

Note

8.0/10

POINTS POSITIFS

  • Le jeu des acteurs
  • La traduction française parfaite
  • Un vrai travail d'enquête
  • Le grand nombre d'informations
  • Le Japon à différentes époques

POINTS NÉGATIFS

  • Enigmes parfois "tirées par les cheveux"
  • Peu devenir redondant lorsque nous nous trompons souvent
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DickOReilly

Quinquagénaire et heureux papa deux princesses, je suis un amoureux des vieux bouquins et des gros pixels. J'aime particulièrement la scène homebrew sur Commodore 64, le versus fighting, les jeux d'horreur et quelques JRPG. Peace.

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