Si l’année 2020 n’a pour le moment pas été très propice aux voyages et à l’évasion, certains développeurs proposent de découvrir de nouvelles cultures grâce à leurs titres. C’est le cas aujourd’hui avec Polygon Treehouse et Röki, un jeu d’aventure inspiré du folklore scandinave. Ce conte de fées contemporain sombre au style artistique séduisant invite les joueurs à plonger au cœur de puzzles antiques ou l’exploration et la narration ont une place de choix. Véritable dépaysement vidéo-ludique, le titre revisite avec succès les mythes qui alimentent les pays nordiques.

Le folklore scandinave :

Premièrement, il est bon de rappeler que la culture scandinave ne se limite pas à la mythologie nordique. Thor et Odin ne sont pas de la partie dans Röki qui se présente plutôt comme une aventure inspirée par les contes de fées racontés aux enfants. Le jeu nous place donc dans la peu de Tove Jakobsen, une fillette qui tente tant bien que mal de surveiller (voir d’élever) son jeune frère Lars suite à la disparation de leur mère. D’un tempérament hyperactif, le jeune garçon adore les “légendes urbaines” et semble avoir la capacité de voir et de communiquer avec des créatures surnaturelles qui peuplent les forets enneigées. Et c’est d’ailleurs par une histoire que l’aventure de Tove et de Lars commence :

“Il était une fois quatre Jötnar, gardiens des quatre saisons de l’année, qui protégeaient les anciennes forêts scandinaves. Il y avait Jötunbjörn l’Ours qui représentait l’automne, Jötunhjort le Cerf qui incarnait l’été, Jötunúlfur le loup qui représentait le printemps et Jötunravn le corbeau, esprit de l’hiver. Mais un jour, (Jötun)Raven est tombé amoureux d’un humain. Elle a pris la forme d’une femme humaine, Rörka, et a donné naissance à une créature à moitié humaine, à moitié Jötnar, sauvage et non naturelle. Les trois compagnons Gardiens de Raven ont combiné leurs pouvoirs et l’ont emprisonnée elle est son fils, pour qu’elle ne puisse plus jamais retourner dans la forêt. À ce jour, Rörka cherche un moyen de faire revenir son fils dans le monde des humains et continue d’envoyer des corbeaux dans ce dernier pour qu’il puisse savoir ce qu’il s’y passe.”

La quête du bien et du mal :

Maintenant que le décor est planté, place à l’élément déclencheur. Alors qu’un soir, la jeune Tove lit un livre de conte à son frère, celui-ci se retrouvent tout à coup kidnappé par une créature géante monstrueuse tout droit sortie de son histoire préférée. Tove découvrira bientôt avec horreur que les légendes et les contes de fées sont plus réels qu’elle ne le pense. Elle poursuit donc le monstre à travers la forêt jusqu’à un portail vers un monde magique où elle devra retrouver les trois gardiens restants et les convaincre de l’aider à retrouver son frère.

Comme dit plus haut, tous les contes et les histoires scandinaves qui font frissonner les enfants seront de la partie. Le joueur rencontrera donc beaucoup de créatures comme la Trollhilde aux allures de rocher qui vit sous un pont et implorera Tove de l’aider à lui retirer un poignard ou encore une foule de Tomtes, de minuscules hommes ressemblant à des gnomes qui préfèrent ne pas être vus mais qui peuvent donner un coup de main utile et magique dans les bonnes circonstances. Et si certaines se feront un plaisir de venir en aide à Tove, d’autres seront de véritables dangers comme le Nokken, un être totalement terrifiant qui possède de grandes tentacules et qui entraîne les voyageurs imprudents au fond de son étang ou bien le Jólakötturinn, un chat énorme et vicieux qui rôde dans les campagnes enneigées durant le temps des fêtes et mange les gens n’ayant pas reçu de nouveaux vêtements à porter avant le réveillon de Noël.

Le silence est d’or :

En plus de son “casting” très intéressant et novateur, le jeu bénéficie également de véritables dialogues scandinaves et d’une atmosphère particulièrement pesante. Au fur et à mesure que l’o progresse dans l’aventure, on sent la détresse de Tove et ses longs silences finissent par nous rendre mal à l’aise. De temps en temps, nous avons droit à un soupir exaspéré ou à un rire espiègle et le script continue d’évoluer jusqu’à ce que Tove se mette à parler dans sa langue maternelle, mais toujours d’une manière qui simplifie la déduction du sens à partir du contexte. Ainsi, avec une rapide recherche sur internet, on peut aisément traduire le fond de sa pensée et se souvenir des quelques mots utilisés par cette dernière.

La pauvre semble parfois errer dans la forêt silencieuse en ressassant des souvenirs de famille  ou une leçon de vie qu’elle a apprise de son père. Trouver et examiner le vieux collier de perles de sa mère, par exemple, provoque un gloussement affectueux chez Tove qui marmonne avec difficulté le mot «Maman» comme ci celui-ci lui déchirait le cœur. Cependant, le jeu n’oublie jamais qu’elle n’est encore qu’une jeune fille dans une situation effrayante et qu’elle manque désespérément à ses parents mais qu’elle craint pour la sécurité de son frère. Tout est centré sur la mort tragique de la mère de Tove il y a des années et sur la façon dont cet événement a provoqué des perturbations dans toute la famille Jakobsen, les affectant toutes de différentes manières.

Un côté point’n’click :

Si Röki se présente sous la forme d’un jeu d’aventure, le titre se rapproche énormément d’un point’n’click. À chaque fois que vous arrivez dans une nouvelle zone, vous devrez explorer les environs pour savoir quoi faire et dans quelle direction vous devez aller. Pour se faire, vous pourrez utiliser la fonction qui vous permettra de mettre en surbrillance les objets sélectionnables et ainsi interagir avec eux. Il faudra parfois juste choisir le bon ordre, parfois les combiner pour obtenir un nouvel objet ou bien les garder précieusement pour plus tard. Le jeu est rempli d’énigmes d’inventaire du début à la fin, et il est généralement possible que vous ayez plusieurs objectifs en cours d’exécution en même temps, les réduisant progressivement jusqu’à ce que l’un d’eux se résolve. Cela peut parfois donner l’impression de jongler avec beaucoup de balles, mais Tove garde une bonne trace de ce qui se passe dans son journal, et la courbe de difficulté est de toute façon assez douce.

Cette accessibilité va de pair avec un style artistique attrayant. Les arrière-plans colorés dessinés à la main, qui ressemblent aux décors d’un livre de contes, prennent vie avec une animation abondante pour les personnages et les environnements. Traverser une église abandonnée est à la fois une expérience sereine et effrayante, avec des toiles d’araignées partageant l’espace avec des bancs renversés jetés au hasard partout. Le voyage de Tove l’emmènera dans de nombreux endroits variés tels que des sommets escarpés, des clairières forestières envahies par la végétation, des cavernes souterraines, un château en décomposition et de nombreux repaires de créatures, chacun avec son propre style visuel distinct.

 

Conclusion :

Globalement, Röki est un jeu aussi satisfaisant à jouer que joli à voir. Il présente une histoire de conte de fées charmante et magique basée sur une mythologie largement inexplorée par les jeux d’aventure. En même temps, il incorpore un élément magnifiquement touchant d’une fille confrontée à une tragédie dans sa vie, à la fois passée et présente. En trouvant le juste équilibre entre les défis et la diversité du gameplay, il offre une multitude de puzzles divertissants qui satisferont les joueurs aux expériences variées, et il tire le meilleur parti de son style artistique charmant et de ses voix off limitées. Combinés ensemble, ces éléments forment une aventure classique moderne remplie de magie qui ne manquera pas de charmer petits et grands.

Röki

8.8

Note

8.8/10

POINTS POSITIFS

  • L'ambiance
  • Très fort émotionnellement
  • Une réalisation artistique extraordinaire
  • Beaucoup d'énigmes
  • Le folklore scandinave trop peu exploité

POINTS NÉGATIFS

  • Pas assez de challenges
  • Quelques plans trop encombrés
  • Beaucoup de va-et-vient
, , , , ,

DrFamikon

Amateur de bières et de FPS, grand fan de Heavy Metal et collectionneur

Laisser un commentaire