Deadpool 3

Le nouveau film de Guillermo del Toro, Nightmare Alley, est sorti ce mercredi 19 janvier dans les salles obscures. Univers presque fantastique, magie, sorcellerie, caractères forts et différences de classes sociales ; ça ne fait aucun doute, nous sommes bien devant un film de Guillermo del Toro. Cependant, le réalisateur mexicain ne nous offre cette fois-ci, ni monstres, ni créatures, ni grandes illusions. Il nous raconte l’histoire d’un jeune cinquantenaire, Stanton (Bradley Cooper), souhaitant échapper à sa vie en se faisant une place dans un cirque itinérant.

Reprenant le style des années 1940 dans le grain de l’image, les décors agréablement vintages et les fondus au noir qui, à mon sens, cassent le rythme, le cinéaste ne se contente pas seulement d’en reprendre l’esthétisme. De part ses personnages, les codes du film noir sont totalement respectés. Tout d’abord il y a l’homme cachant un passé difficile et une vie triste qui rêve de gloire, d’argent et de reconnaissance : Stanton. Ensuite, c’est la jolie jeune fille un peu crédule et candide qui se laisse séduire par celui-ci : Molly (Rooner Mara). Pour finir, il y a la femme fatale, symbole du film noir, qui entraîne subtilement le héros a commettre l’irréparable : Lillith (Cate Blanchett). Et c’est avec ce personnage que commence la deuxième partie du film.

Bien qu’elle change de décor, la seconde moitié du long-métrage ne déchante pas son atmosphère. Fini les roulottes crasseuses et les terrains boueux sous la pluie battante. Place maintenant à la ville, la vraie, la riche avec ces hôtels luxueux et ses repas-spectacles. Mais demeure cette ambiance cinglante et lugubre où Stanton succombe aux charmes d’une femme de son âge qui a tous les aspects de la femme fatale. Cette psychologue, toujours perchée sur des talons hauts, a des allures d’ « actrice Hitchcockienne ». Blonde peroxydée, yeux clairs subtilement maquillés et rouge à lèvre rouge laissant apparaitre un sourire ultra bright, elle est la femme fatale par excellence. Même quand nous la pensons faible ou dominée, elle a le dessus.

Elle mènera Stanton où elle le veut, le laissant croire que l’idée vient de lui, pour finalement arriver à ses fins en le dépouillant de son argent. L’efficacité narrative typique de ce genre cinématographique s’épaissit d’une incarnation convaincante de la femme forte et indépendante mais aussi manipulatrice et toxique. Mais le discours qu’elle propose distille une noirceur dont on sait qu’elle va engluer tous les enjeux à venir. Elle est l’incarnation même du rêve américain brisé, du fameux rise and fall (l’ascension et la chute) qui sera irrévocable tant pour le protagoniste que pour le récit lui-même. En effet, les figures perdent de leur complexité au fur et à mesure que le récit avance et les flashbacks redondants d’un père mourant que l’on entraine dans le monde funeste n’est pas assez exploité.  

En définitive, Nightmare Alley est beau esthétiquement parlant et rend parfaitement hommage aux films noirs mais il reste assez lisse dans son scénario. Il en vaut tout de même la peine pour sa photographie désarmante de beauté et de justesse (je pense aux jeux de lumières dans les scènes nocturnes par exemple). Rien que pour apprécier ces images sur grand écran, cela vaut le coup d’aller au cinéma.

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Anais MORENO

Diplômée d'un master en cinéma et audiovisuel. Je suis passionnée par le monde du septième art de manière générale (cinéma comme séries). Ce que j'aime par dessus tout c'est écrire des articles sur l'actualité audiovisuelle et faire des analyses/critiques.

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