Dévoilé lors du CES 2022, Horizon Call of The Mountain a été le premier jeu First Party AAA en VR annoncé pour le PSVR2. Cette annonce était une révolution, une licence majeure du catalogue Playstation allé être adapté en réalité virtuelle. Mais en parallèle de la hype, une inquiétude émergeait, allons nous avoir droit à un jeu ou à une démonstration technique ? Est-ce qu’on sera sur une vraie proposition AAA en VR ou une attraction Futuroscope à laquelle la VR nous a trop souvent habituées ? C’est ce qu’on va voir tout de suite dans ce test.
Un vrai spin-off à la licence Horizon
Je ne vais pas faire monter le suspense tout au long de l’article, Horizon Call of The Mountain est un vrai AAA VR. Nous ne sommes pas sur une sorte de démo de quelques heures pour mettre en valeur la puissance du PSVR2. Le jeu a de la substance, du contenu, une bonne durée de vie et une histoire à lui.
C’est d’ailleurs sur ce premier point que je voulais m’attarder. Le premier changement majeur qu’apporte le titre vis-à-vis de la licence Horizon, c’est qu’on ne joue pas Aloy. Dans Horizon Call of The Mountain, on incarne Ryas, un carja de l’ombre incarcéré pour avoir séquestré le prince héritier Itamen. Il est envoyé en mission pour expier ses crimes en enquêtant sur une nouvelle menace qui plane sur Méridian.
Horizon Call of The Mountain est donc dans le fond un vrai spin-off. On explore la région et on en apprend plus sur les différents peuples qui habitent le monde et leurs relations. Le jeu est d’ailleurs complétement déconnecté des événements des jeux principaux. Même si Aloy fait une apparition très tôt dans l’aventure. Son rôle est plus de clins d’œil pour les fans, elle ne reste que quelques minutes dans le jeu. Un choix pertinent qui permet de donner sa propre identité au jeu. Du coup au niveau du fond, on est bien sur un vrai jeu pas une courte expérience VR. D’ailleurs, il faudra compter à peu près 8 heures pour terminer la campagne principale ce qui est honnête pour un jeu en VR.
Au niveau du gameplay, le jeu va se découper en deux phases distinctes. Des phases d’explorations/escalades et des phases de combat. Ces deux phases sont complétement séparées et se jouent de façon différente.
Horizon Call of The Mountain, un climbing simulator de qualité
Les phases principales restent celles d’escalades. Dans le jeu, vous allez grimper, vous allez beaucoup grimper. Pour ce faire, vous devrez vous agripper à différents rebords, cordes et autres ruines pour escalader de nombreuses montagnes. Et sur ce point, le gameplay est très satisfaisant. Les Playstation VR2 Sense permettent de sentir la prise en main de chaque rebord. L’audio 3D et les retours haptiques nous immergent complétement dans les différents parcours. Par exemple, vous allez pouvoir entendre et sentir avec précision le frottement de la corde quand vous vous laisserez glisser.
Pour escalader, vous allez d’ailleurs devoir réellement mimer les actions nécessaires à l’escalade. Tendre les bras pour attraper chaque prise. Vous devrez régulièrement lever la tête en l’air pour trouver votre prochaine prise. Également, pour vous déplacer entre chaque mur, vous devrez mimer le mouvement des bras pour la marche en appuyant sur rond et carré. Cette démarche permet une liberté de mouvement sans casser l’immersion en utilisant par exemple le stick analogique pour se déplacer.
Cette simulation d’escalade permet également d’offrir des panoramas magnifiques et des vraies sensations de vertige. Et ce, dans le sens positif du terme. Personnellement, j’ai plutôt le vertige dans la vraie vie, mais ça ne pas complétement paralyser en jeu. Néanmoins, à certains moments, à certains passages, en regardant vers le bas, j’ai eu ce frisson, cette sensation de vide. C’est particulièrement agréable et rend l’expérience vivante. Autre point d’immersion, c’est que sur des longues séances de jeu, on ressent une légère fatigue musculaire. C’est un point que j’ai trouvé intéressant, car le héros de jeu vidéo est souvent immunisé aux limites physiques humaines, mais pas nous. Avoir l’occasion de se frotter à cette expérience est particulièrement amusant.
Pour éviter de tomber dans une routine d’escalade, régulièrement, le jeu nous proposera de nouveaux outils pour varier notre façon d’escalader. Vous aurez assez rapidement des piolets que vous pourrez planter dans les murs ou dans la glace. Vous aurez également d’autres outils comme un grappin qui vont régulièrement apporter une nouveauté à l’aventure. Ce qui fait que les différents chapitres du jeu ne se ressemblent pas et on ne ressent pas de lassitude. Ni de frustration d’ailleurs, car ces parties d’escalades sont très immersives mais pas compliquées. Le jeu est en couloir et avec la synchronisation de l’environnement, on peut avoir le chemin tracé face à nous.
C’est d’ailleurs une des réserves que j’aurais sur cette partie escalade, c’est qu’elle n’offre pas d’exploration. Les chemins sont tracés et on a simplement à mettre les mains là où c’est indiqué. Quand on pense à l’escalade dans un jeu comme Breath of The Wild ou Death Stranding, le plaisir venait de la découverte. Pouvoir faire preuve d’ingéniosité et sortir des chemins tracés, ça manque dans Horizon Call of The Mountain.
L’arc le grand point fort de Horizon Call of The Moutain
Avant de parler de la phase combat, il faut que je mentionne l’arc. Très rapidement, dans le jeu, vous allez le récupérer et pourrez l’utiliser à tout moment. La réalisation et son utilisation sont assez bluffantes. Il vous faudra d’abord le sortir de votre dos en allant le chercher derrière votre épaule en appuyant sur les gâchettes. Ensuite, il faudra faire de même pour chaque flèche en les cherchant derrière votre épaule pour mimer un carquois. Pour tirer, c’est comme dans la vraie vie avec votre main faible vous viser avec l’arc et votre main-forte vient placer la flèche. C’est une expérience très bien réalisée qui est jouissif d’utilisation.
Vous aurez ensuite l’occasion de l’utiliser pour débloquer certains chemins dans la partie escalade, mais surtout en détruisant des cibles. Dans chaque niveau seront cachés différentes cibles que vous devez repérer et détruire avec vos flèches. Cela permet de régulièrement sortir de l’escalade pour tirer à l’arc. Cet objectif est complétement annexe et vous pouvez très bien ne pas les détruire pour avancer. Néanmoins, ça reste un objectif fun et pertinent pour casser le rythme de l’escalade.
Des combats toujours aussi jouissif en VR
Mais là où l’arc brille, c’est lors des combats. Dès la première mission, vous aurez l’occasion d’affronter une machine et de faire briller vos talents d’archer. Lors des phases de combat, beaucoup d’éléments changent. Au niveau du déplacement, vous ne pourrez plus vous déplacer librement, mais seulement esquiver en cercle autour de l’arène. Pour ce faire, il faudra faire des mouvements rapides sur le côté pour que votre personnage bondisse. Une mécanique intuitive, mais qui rend les déplacements imprécis ce qui peut être frustrant pour récupérer des flèches ou de la santé.
Ensuite, en termes de combat, c’est comme dans les jeux principaux, vous allez devoir tirer des flèches sur les points faibles des machines. Pour cela, vous avez accès à un scan qui va illuminer les parties fragiles. Vous devrez ensuite les viser avec vos flèches. Tout comme dans la série principale, on tient là le point fort du jeu. Devoir viser avec précision les points faibles est un pur plaisir. C’est tellement satisfaisant de toucher précisément le point faible et de voir la machine exploser. Ce sentiment qui était déjà fort à la troisième personne et décupler en réalité virtuelle.
En plus des flèches de base, vous aurez comme dans la série principale, des flèches élémentaires. Ces flèches vous permettront d’infliger différents statuts aux machines. Vous devrez alors connaître leurs faiblesses aux éléments pour tirer le plus avantage de cette mécanique. Pour être honnête dans cet opus, les flèches élémentaires sont moins essentiels que dans la série principale. Mais elles permettent de sortir de la routine. Surtout que pour recharger ces flèches, il faut les fabriquer à la main ce qui ajoute à l’immersion.
Vous aurez également accès à une fronde, mais l’arme n’est pas du tout aussi agréable à utiliser que l’arc. Elle est victime de plusieurs bugs où parfois, on n’arrivera pas à la charger. Je saluerais l’inclusion d’une autre arme, mais elle est beaucoup moins travaillée que l’arc.
Être plongé dans le monde de Horizon, un rêve pour les fans
Les machines sont impressionnantes en jeu et on se rend encore plus compte de l’immensité de certaines en réalité virtuelle. On est tout petit à côté de ces mastodontes que l’on doit détruire avec notre petit arc. En ce sens les rencontres avec les machines sont épiques et certaines vont vous marquer par leur grandeur.
Elle est là la force de cet opus, l’immersion. Pouvoir être directement plongé dans un monde d’une licence majeure est une sensation incroyable. Que ce soit en escalade ou en combat, je me suis souvent juste arrêté pour contempler ce que j’avais devant les yeux. D’autant que le rendu graphique est magnifique. Pas de floue notamment grâce au suivi oculaire qui permet de concentrer la puissance là où notre regarde se pose. Les textures sont belles et les effets de lumière rendent très bien. À côté de cela l’ambiance sonore et la bande son accompagne parfaitement notre immersion dans le monde d’Horizon.
Horizon Call of The Moutain, un jeu qui manque parfois d’audace et d’inventivité
Le point noir de Horizon Call of The Mountain est qu’une fois passé l’immersion et la justesse des mécaniques, le jeu manque de profondeur. Typiquement, le fait d’avoir des phases de combat et d’exploration séparé est frustrant. Vue la taille des machines, on aurait aimé voltiger dans l’arène. Prendre de la hauteur pour avoir un meilleur angle de tir. C’est un comble que dans un jeu qui met une telle emphase sur l’escalade qu’on ne puisse pas escalader certaines machines à la Shadow of Colossus.
Il y a tellement d’outils qui aurait pu être utilisé avec innovation en combat. Autre exemple dans le jeu, on rencontre des balistes. Elles sont très bien faites et leur utilisation est très amusante. Cependant, on ne les utilise que pour détruire des portes. Pourquoi pas en combat ? On débloque un disque qui permet de détruire des pièges. Pourquoi ne pas l’utiliser en combat également ? Beaucoup d’opportunité non explorée qui laisse un goût d’inachevé.
Pareil au niveau du scénario. Si peu de moments marquants, de moments forts en émotions. Dans l’histoire, on est censé jouer un homme que tout le monde considère comme un traître, en qui personne n’a confiance. Or, on nous laisse partir en mission sans aucune surveillance ou garantie. On se trouve en quête de rédemption sans vraiment ressentir le poids de nos actions passées. Le jeu aurait eu beaucoup plus de sens si on était accompagné pendant une partie de notre aventure. Et que c’est en gagnant la confiance de notre acolyte que l’on trouve notre rédemption. Ici, dès le début, nous sommes quasiment libérés et s’il y avait eu ne serait-ce qu’une chance que nous soyons un traître, on se serait enfui.
Tellement d’idées non exploitées
Mais le plus frustrant sur ce manque de profondeur reste dans les activités annexe. Au-delà des différentes cibles cachées dans le niveau. Le jeu proposera régulièrement d’autres activités avec notamment des objets avec lesquelles vous pouvez interagir. Vous aurez notamment accès à différents instruments de musique avec lesquels vous pourrez jouer. Régulièrement, vous pourrez peindre sur les murs aussi bien avec vos doigts qu’avec un pinceau. Vous aurez accès à différents outils comme des marteaux ou des pinces. Il y a même des gongs disposés à différents endroits dans le jeu avec un énorme marteau que l’on peut soulever pour faire résonner le gong dans la montagne. Aucun de ces éléments n’est utile dans le jeu. Ils n’apportent rien, ne servent pas dans une quête annexe, ils ne débloquent pas d’easter egg même pas un petit trophée.
Ils n’ont donc aucune profondeur, on ne se connecte pas à ces éléments, car on ne les associe à rien. Si par exemple en entrant dans un camp abandonné, on aurait trouvé un enfant effrayé se cachant. Et que pour le rassurer, on aurait dû jouer de la musique et ou dessiner avec lui. Cela aurait permis d’ajouter une profondeur scénaristique et de donner du poids à ces différents objets. Or, là, on se trouve avec une coquille vide. Le seul élément annexe comptabilisé dans le jeu, ce sont les cairns. Des épreuves où il vous faudra empiler des pierres et les faire tenir quelques secondes sans les faire tomber. Si l’épreuve est amusante les premières fois, elle devient très vite frustrante car peu précise.
Conclusion
Horizon Call of The Mountain est une entrée en matière réussite pour Guerilla Games et Playstation. C’est un vrai plaisir de parcourir le monde d’une de nos licences favorites en réalité virtuelle. Les technologies peuvent permettre de pousser l’immersion à des niveaux encore inconnus sur console de salon. Le jeu est une expérience grand public mémorable qui aura son effet spectaculaire en particulier pour les néophytes de la VR. On regrettera le manque de profondeur du jeu qui au-delà d’être une démonstration technique ne marquera pas les esprits des joueurs. Le jeu manque légèrement de personnalité et de chose à raconter. C’est dommage, mais ce n’est pas forcément ce qu’on lui demande! Néanmoins, comme porte d’entrée sur le marché de la VR, c’est un must à faire de toute urgence malgré les défauts précédemment cités.