Si vous faites partie de la génération “Club Dorothée”, vous avez grandi avec les dessins animés tout droit venus du soleil levant… Parmi la ribambelle de titres produits par la Toei Animation diffusé en France, un titre en particulier a fait grand bruit lors de sa diffusion. Car si Dragon Ball et Les Chevaliers du Zodiaque ont su attirer l’attention durant près d’une décennie, une œuvre post-apocalyptique a fait l’effet d’une bombe dans le paysage audiovisuel français. Son titre français : Ken le survivant. Près de 40 ans après sa sortie en manga au Japon et sa diffusion audiovisuelle en France, l’œuvre de Tetsuo Hara et Buronson a su se hisser au panthéon des œuvres de la pop culture japonaise. L’univers d’Hokuto No Ken est tellement culte qu’il méritait bien un vrai livre sérieux qui lui est entièrement dédié. C’est ainsi que Guillaume Lopez et Paul Gaussem ont pris le temps de rédiger un ouvrage publié par Third Editions intitulé “Dans Les Arcanes de Hokuto No Ken. L’Héritier de l’Apocalypse”. Geeknplay vous en propose une critique subjective après avoir digéré les 248 pages de l’édition classique illustrée par Nicolas Côme.

Avant-Propos

Dans les années 80, les films n’étaient pas clairement identifiés pour un public cible comme aujourd’hui. Les “Tous publics”, “-10”, “-12”, “-16” et “-18” de la commission de classification des œuvres cinématographiques n’existaient pas comme maintenant. Tout juste le CSA imposait un carré blanc (qui était un rectangle) aux œuvres jugées les plus violentes et/ou érotiques, à l’instar des Vendredi 13 et autres joyeusetés fantastiques.

C’est durant cette décennie que le cinéma s’invite réellement dans les foyers. En effet, le magnétoscope se démocratise et les plus chanceux et passionnés n’hésitent pas à dépenser plusieurs milliers de francs pour pouvoir lire des cassettes vidéo à partir de ce matériel. Les boutiques de location de cassettes VHS fleurissent dans l’hexagone et permettent aux familles françaises de découvrir leur film préféré à peine 1 an après leur sortie au cinéma. Force est de constater que les années 80 proposent leur lot de films d’action débridés. Les films de karaté s’arrachent au même titre que les films d’horreur et de guerre. Le contexte de guerre froide pousse également les réalisateurs à imaginer des mondes post-apocalyptiques. C’est ainsi que votre serviteur eut la chance de découvrir Mad Max 2 même si j’étais un peu jeune pour découvrir ce monde sans foi ni loi. En 1988, peu de temps après avoir vu les tribulations de Mel Gibson dans le bush australien et alors que je ne ratais aucun épisode de Dragon Ball ou des Chevaliers du Zodiaque, l’animatrice Dorothée annonçait en grand fracas une nouvelle série phare dans son émission. C’est donc le 31 août 1988 qu’est diffusé le premier épisode de Ken le Survivant en France. Un véritable électrochoc pour les petites têtes blondes de l’époque… Mais également pour leurs parents qui découvraient, médusés, une œuvre résolument mature dans une émission jeunesse.

Il faut avoir vécu ces années pour se rendre compte du bulldozer que pouvait représenter le Club Dorothée et son lot de dessins animés tout droit issus du Japon. Des programmes qui tranchaient avec les sitcoms made in AB Production tels que Hélène et les garçons, Premiers Baisers ou Salut les Musclés.

Ces années-là, Paul Gaussem en a certainement gardé des souvenirs indélébiles. De plus, même si Guillaume Lopez n’a pas vécu cette décennie survoltée, sa passion pour l’école du Hokuto lui permet sans nul doute de se représenter fidèlement cette époque à travers les différents témoignages qu’il a pu recueillir.

Même si les auteurs se défendent de toute prétention exhaustive, force est de constater que leur étude sur l’univers d’Hokuto No Ken force le respect et que la visée didactique recherchée est bel et bien atteinte. C’est en tout cas ce qui saute aux yeux du lecteur à travers les 3 parties qui composent l’ouvrage.

La création d’une œuvre culte

Dans sa première partie, le duo d’écrivains nous raconte avec moult détails les auteurs à l’origine de l’homme aux sept cicatrices. C’est avec une véritable délectation que le lecteur découvre donc la biographie du “jeune” Tetsuo Hara et du scénariste plus âgé ressemblant à Charles Bronson.

Tetsuo Hara est né en 1961. Il a grandi à Tokyo en fréquentant les cinémas et en regardant des films d’arts martiaux de la Shaw Brothers. On découvre que le futur mangaka de légende a également été influencé par les comics américains, en particulier ceux de Frank Frazetta. De plus, les films de Spielberg et la filmographie de Stallone et Schwarzenegger ont laissé une trace indélébile dans la psyché du futur artiste. Dès lors, notre futur mangaka, qui souffre d’un handicap oculaire, n’aura de cesse de proposer des dessins réalistes de personnages aux muscles détaillés.

De son côté, Buronson, de son vrai nom Yoshiyuki Okamua, voit le jour en 1947. Les auteurs nous présentent en détail le contexte politique électrique de l’époque. Né d’une famille nombreuse, “les premières années de son existence se déroulent dans la pauvreté, « la vie la plus misérable qui soit »” selon ses propres termes. La société change autour de cette ruralité qui fonctionne en autarcie. Sa passion pour les mangas se fait néanmoins sentir très tôt. Une fois adulte, il intégrera un temps l’armée. Notre homme se montre ensuite prolifique dans le scénario de mangas, notamment de sports et de polars. L’homme semble insaisissable et il est difficile de connaître ses véritables intentions. Cette ambigüité permanente fait le charme des œuvres de Buronson.

Si les deux hommes se retrouvent pour créer l’œuvre culte que l’on connaît aujourd’hui, c’est grâce à un certain Nobuhiko Horie. Il est amusant de constater que le scénario de l’histoire se construit au fur et à mesure, et il est intéressant de noter que les deux auteurs ne sont pas réellement amis, voire même qu’ils se rencontrent très rarement !

Après avoir finement dressé la biographie des deux hommes, riche en anecdotes, les auteurs du livre s’intéressent au background qui a donné naissance à l’univers de Kenshiro.

Un décryptage nécessaire et minutieux de l’univers d’Hokuto No Ken

La deuxième partie de “Dans Les Arcanes de Hokuto No Ken. L’Héritier de l’Apocalypse” se décompose en 4 chapitres. Après avoir expliqué le concept de l’apocalypse, ses principes et différentes œuvres classiques inhérentes au sujet, on ne peut que conclure qu’Hokuto No Ken est le digne héritier des romans post-apo classiques tels que ceux d’HG Wells. Au Japon, les maîtres de l’époque ont également imaginé un monde post-apocalyptique, comme c’est le cas dans Violence Jack de Go Nagai et surtout Akira de Katsuhiro Otomo. Ces œuvres ont fortement influencé Hara, notamment la précision des dessins du grand Otomo.

C’est également dans cette partie qu’un parallèle est fait entre le futur post-apo de Ken et l’ère Sengoku voire Edo, où la division du Japon était une réalité. De même, l’histoire des Spartiates et leur vision sans pitié de l’éducation ont sûrement influencé le scénariste.
En outre, c’est durant ce deuxième chapitre que l’influence des films de kung-fu chinois est évoquée en profondeur. La comparaison de Ken avec Bruce Lee saute aux yeux pour quiconque a lu ou vu la démarche féline de notre héros héritier de la grande ourse. Les arts martiaux chinois ont également eu une influence chez Buronson. D’ailleurs, le terreau chinois est évoqué à la page 125 et Ken semble être un véritable “héros campbellien”, combattant de l’amour. Les références à la Bible font également de Ken un véritable sauveur.

Le quatrième chapitre évoque quelques héritiers de cet œuvre unique tels que Masanori Morita, l’auteur de Rookies, mais également le très regretté Kentaro Miura, auteur de Berserk. D’ailleurs, l’auteur à l’origine de Guts avait travaillé avec Buronson sur Oh-roh-Den et Japan en 1988.

Mais l’héritage ne se cantonne pas aux mangas, car les exploits de l’homme aux 7 cicatrices prennent vie sur le petit et grand écran.

Un héritage soumis aux affres du temps

La troisième partie du livre de Third Editions débute en se focalisant sur la série Hokuto no Ken et ses différents arcs. L’apport du regretté Masami Suda en tant que character designer et directeur d’animation sur la série est indéniable. Fort de son expérience, il a su insuffler un vent épique alors que les moyens de l’époque étaient minimes. L’explosion des corps en ombre chinoise a également marqué tous les téléspectateurs de la série malgré les censures qui n’ont pas mis longtemps a charcuté l’œuvre en France. Aussi bien visuellement qu’auditivement.

Outre ce génie de l’animation, les auteurs nous présentent d’autres personnages hauts en couleur et extrêmement compétent. C’est avec plaisir que l’on découvre quelques interviews de ces grands noms de l’animation japonaise.

Mais Ken le Survivant ce n’est pas qu’une unique série anime… Sont ainsi dévoilés, par exemple, le film live américain Fist of the North Star de 1995 ainsi que la série de 3 OAV Shin Hokuto No Ken de 2004.

De son côté, le chapitre 2 évoque les films initiés par l’Ère de Raoh qui fêtait les 20 ans de la sortie du 1er long métrage dédié à la série. Ce nouveau film connait un succès mitigé. Réécriture ou trahison, c’est aux fans de se faire leur propre opinion. Il n’en demeure pas moins que ces 3 films et 2 OVA initié en 2006 ont su insuffler un vent de renouveau à la licence, avec, malheureusement, plus ou moins de réussite.

Il en va de même pour la série de manga dessinée par Yuko Osada en 2006, mettant le personnage de Raoh au cœur de son intrigue, qui sera adaptée en anime peu de temps après sa parution.

L’ouvrage se termine par une conclusion qui donne les derniers mots à Hironobu Saito. S’ensuit une postface rédigée par Philippe Bunel, journaliste et auteur de livres centrés sur l’animation japonaise.

Deux éditions pour deux fois plus de plaisir.

Si la magnifique illustration de Nicolas Côme ne vous suffit pas, l’éditeur vous propose l’ouvrage en “First Print“. Cette dernière propose :

  • Le livre Dans les arcanes de Hokuto no Ken. L’héritier de l’apocalypse
  • Une couverture exclusive de Daniel Warren Johnson qui propose sa vision bestiale de Kenshiro
  • Une jaquette réversible reprenant la couverture de l’édition classique
  • Un ex-libris de Daniel Warren Johnson
  • Le livre au format numérique (ePub)

Cette édition en tirage limité est proposée à 29,99€ au lieu de 24,99€.

Enfin, sachez que Third Editions vous propose également l’ebook de “Dans Les Arcanes de Hokuto No Ken. L’Héritier de l’Apocalypse” pour 19,99€. Pour découvrir les premières pages de ce livre, il vous faudra vous rendre sur ce lien pour les télécharger.

Conclusion

“Dans Les Arcanes de Hokuto No Ken. L’Héritier de l’Apocalypse” est un véritable livre « hommage » de deux auteurs pour une œuvre à laquelle il tienne beaucoup. Cette passion de Paul Gaussem et Guillaume Lopez transparait à chaque page de leur livre. Nul doute que cet amour sincère envers Hokuto No Ken saura toucher en plein cœur le lecteur qui partage une sympathie pour l’univers dessiné par Hara et scénarisé par Buronson.

Les fans de culture japonaise qui connaissent peu l’histoire de l’homme aux sept cicatrises pourront également se laisser embarquer par les différentes anecdotes, descriptions et rencontres des protagonistes de ce livre. Par contre, les néophytes peu curieux risquent de ne pas aller au bout de l’ouvrage. Tant pis pour eux. Ce titre publié par Third Editions est un livre de passionné fait pour des passionnés. Ces derniers n’hésiteront pas à prendre des notes concernant les informations les plus savoureuses disséminés au fil des pages.

Dans Les Arcanes de Hokuto No Ken. L'Héritier de l'Apocalypse

8

Note

8.0/10

POINTS POSITIFS

  • Une mine d’or de renseignements et d’anecdotes en tout genre
  • (re)donne envie de se replonger dans l’univers de Ken
  • Une rédaction globalement fluide
  • Un véritable hommage à une saga culte.
  • La couverture et la qualité du livre avec un marque page permanent

POINTS NÉGATIFS

  • Mieux vaut connaitre un minimum la culture manga et l’univers de Kenshiro.
  • Aucune illustration
  • Certains passages « trop » détaillés sans traduction des titres japonais.
  • L’évocation trop rapide de la préquelle concernant Fist of the Blue Sky
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yancha

Rédacteur avec pas mal d'XP au compteur ayant grandi avec les bornes d'arcades à l'ère 8 et 16 bits.

2 thoughts on “Critique – Dans Les Arcanes de Hokuto No Ken. L’Héritier de l’Apocalypse”

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