La série Trails est connue au Japon sous le nom Kiseki. Elle-même est un spin-off de The Legend of Heroes connue sous le nom Eiyu Densentsu. Un très grand nombre de jeux forment cette saga. Trois d’entre eux constituent le premier arc de Trails. Viennent ensuite deux titres (dont celui nous intéressant aujourd’hui) formant le second arc nommé Crossbell. Celui-ci sera suivi de l’arc Trails of Cold Steel composé de quatre jeux. L’arc en cours, Kuro no Kiseki, commença quant à lui avec le dernier opus en date sorti en 2020. Oui, il y’a de quoi se perdre. Donc, soyons précis. The Legend of Heroes : Trails from Zero, de son nom complet, vient d’être porté sur Nintendo Switch, PlayStation 4 et PC. C’est donc de ce nouveau portage d’un jeu initialement paru en 2010 sur PSP puis PC et PS Vita dont il est question dans ces lignes. Il ouvre l’arc Crossbell qui se referme avec The Legend of Heroes : Trails to Azure qui va lui aussi ressortir cette année. Précision : n’ayant de connaissances d’aucune sorte sur cette saga de JRPG, nous allons voir si cet épisode est une bonne porte d’entrée.

Gardiens de la Paix

Nous sommes Lloyd Bannings, jeune recrue de la police de Crossbell. Le CPD. Enfant de la ville, nous étions parti en formation il y’a trois années de ça et nous voici de retour. Alors que nous nous rendons au commissariat afin de recevoir notre affectation, nous y faisons la rencontre de Randy, Elie et Tio. Notre “team” pour le jeu est faite et ce dès le début de celui-ci. C’est là un “parti-pris” des développeurs et il faut le respecter. Nous avons pris l’habitude que les personnages principaux soient présentés et rejoignent l’équipe tout au long de l’aventure. Ici, quelques minutes passent et nous voici au complet. Pas besoin d’aller voir un quelconque test pour savoir cela, la symbiose se fait de suite. La SSS, pour Special Support Section, entre dans ses fonctions ! C’est la toute nouvelle section au sein de la CPD. Etant le seul ayant fait le cursus officiel et décroché son diplôme d’enquêteur, Lloyd Bannings est naturellement nommé chef de l’escadron et manie les tonfas, armes de corps à corps officielles de la police. Elie Mc Dowell est l’héritière d’une riche famille impliquée en politique et aime son gros flingue. Randy Orlando est un peu le mercenaire de l’équipe, ex-soldat et charmeur de ses dames, maniant une espèce de lance futuriste faisant de gros dégâts.

Enfin, Tio Plato est une jeune fille très douée, un petit génie de l’informatique, qui quant à elle utilise pour se battre un appareil high-tech fonctionnant grâce aux quartz et comparable à une baguette magique. Voici pour la SSS, inséparable et attachante. Tout en nous occupant de faire respecter la loi, chaque membre de l’équipe va voir sa psyché dévoilée et évoluer. Bien entendu, l’histoire ne s’arrête pas là. La grande ville de Crossbell se trouve être en plein milieu de deux territoires contrôlés par des grandes puissances. L’Empire Erebonian et la République de Calvard. Tous cherchent à mettre la main sur l’agglomération pour en tirer les profits qui en résultent. Ajoutez à cela la Mafia, les gangs… Cerise sur le gâteau, la police est vraiment tombée en désuétude. Plus personne ne la respecte. Pour faire régner un semblant de loi, les gens préfèrent faire appel à une guilde.

Le grand frère de Lloyd étant mort au service des forces de l’ordre “officielles”, ce dernier a pour but ultime de remettre la lumière sur la police de la ville. Se profilera ensuite une sombre histoire de religion et d’un culte obscure associé au kidnapping d’une jeune fille. Mais arrêtons nous là en ce qui concerne le scénario. Il convient de le découvrir par soi-même. Prenante et bien amenée, cette histoire nous change un peu de l’éternelle fantasy avec ses dragons et ses magiciens. Bien que la féérie soit bel et bien présente dans cet univers typé cyberpunk, notons que suivre un groupe de policiers dans leur travail est assez rare pour le genre du JRPG.

The Legend of Heroes : Trails from Zero fait dans le classicisme et le fait bien

Classique. C’est vraiment l’adjectif qui décrit le mieux Trails from Zero. Cela n’est pas du tout dit de façon péjorative, bien au contraire. Tous les poncifs du genre sont là pour le plus grand plaisir des amateurs. Si l’évocation des anciens épisodes de Final Fantasy ou Dragon Quest fait remonter de bons souvenirs, alors n’hésitez pas une seconde avant de vous lancer. Des menus au système de combat en passant par l’inventaire semblant sans fond ou les sempiternels dialogues par centaines… Nous sommes à la maison et ça fait plaisir. Vraiment. L’originalité a du bon mais se reposer sur ses acquis peut parfois faire du bien aussi. C’est le cas ici. On se laisse porter en oubliant tout le reste, complètement plongé dans une histoire servie par un gameplay et une interface qui nous sont déjà connus.

Le système de combat, au tour par tour, présente tout de même quelques spécificités bien sympathiques. Déjà, les affrontements se déroulent sur une grille sur laquelle se déplacent les belligérants. Une petite touche de “tactical” bien sympathique. Ensuite, nous avons accès à deux sortes de coups spéciaux. Ceux utilisant les CP, la magie; et ceux utilisant les EP, les coups physiques. Les deux barres associées se remplissent d’elles-mêmes au gré de nos actions (ou à l’aide d’items). Les personnages possèdent tous un appareil servant à enchâsser des joyaux, appelés quartz, nous donnant accès à de nouvelles capacités ainsi qu’à des magies utilisables en combats (en plus de faire téléphone portable).

Cela rappelle un peu le système de materia de Final Fantasy VII. Quant aux attaques physiques spéciales, celle-ci sont à utiliser avec parcimonie car une fois sa barre remplie, le combattant a alors accès à sa “furie”. Un coup vraiment surpuissant. Si vous passez votre temps à utiliser des coups spéciaux, vous ne remplirez jamais votre barre. Il s’agit donc de peser le pour et le contre aux moments fatidiques. Parfois, et cela fait à chaque fois plaisir, nos quatre frères d’armes s’allient pour placer un combo gigantesque et dévastateur ne demandant aucune ressource. C’est gratuit. Au contraire des nouvelles armes et armures dans les boutiques qui quant à elles coûtent bonbon.

Pour ce qui est de l’argent, à chaque fin de combat nous recevons de petits éclats de joyaux nous servant à faire fabriquer de nouveaux quartz, donc à débloquer des capacités et des sorts, mais aussi à les échanger contre de la monnaie sonnante et trébuchante. Pour en finir avec les combats, nous retrouvons bien sûr les changements d’état tels que poison, paralysie, cécité, etc… Encore une fois, nous sommes en terrain connu.

L’interface de jeu de Trails from Zero est semblable aux classiques du genre et les habitués y navigueront de suite sans souci. Le système des quartz est prenant et nous passons du temps sur notre espèce de téléphone portable à clapet (dont il est d’ailleurs possible de changer la coque) à y placer nos joyaux et à tester des magies. L’interface de ce RPG est donc simple et parfaitement fonctionnelle, rien à dire. Finissons avec le gameplay en précisant qu’il est également possible de s’adonner à la pêche, ce qui est plutôt cool entre deux combats, ainsi qu’à la cuisine. Deux activités à ne pas délaisser car aboutissant à des items bien utiles. A bon entendeur.

Un genre de jeux qui ne vieillit pas

Il est difficile de passer l’écran titre tant la musique est envoûtante. Avec l’image nous montrant un grand ciel bleu… Le joueur se détend de suite et peut se lancer tranquillement dans l’aventure. Toutes les musiques de Trails from Zero sont sublimes. Nous ne pouvons nous empêcher de le remarquer. Elles aident particulièrement à se plonger dans l’ambiance du titre. C’est là l’un des gros points forts, un enchantement pour nos oreilles. Les bruitages n’ont rien à envier et sont très bons également. Les voix sont bien entendu en japonais (mais vous avez le choix de l’anglais) et les sous-titres en anglais. Et oui, pas de traduction française et un niveau requis dans la langue de Shakespeare plutôt haut. D’ailleurs, il faut préciser que c’est grâce à une traduction des fans que nous avons aujourd’hui le jeu officiellement traduit. Sans eux, The Legend of Heroes : Trails from Zero ne serait pas sorti du Japon. Merci.

Sublimé par une bande-son enchanteresse, le visuel est superbe. C’est un plaisir de parcourir ces terres mystérieuses. Les décors sont parfaitement désignés et modélisés. Grande zone urbaine, labyrinthes de verdure, sous-sol futuriste, petit village où il fait bon vivre… Nous nous sentons bien dans l’univers étendu de la saga The Legend of Heroes. L’envie d’en voir plus avec les autres opus est au plus haut. Nous savons que la suite de l’arc Crossbell, Trails of Azure, va arriver dans le courant de l’année. Cool. Mais revenons à nos moutons. Le jeu est donc très beau. Les sprites font vraiment plaisir à voir. Ils sont très fins et mignons tout plein. Des petits bonhommes en mode chibi sur la carte et avec des proportions plus normales durant les combats. Nos quatre agents de police sont franchement classes. Nous nous prenons vite d’affection pour eux de par leur psychologie mais aussi leur character-design inspiré. Les ennemis aussi sont peaufinés et ont le droit à des sprites lisses et bien animés.

C’est vraiment très bon niveau réalisation. Bien entendu, nous sentons parfois que nous sommes sur le portage d’un jeu commençant à dater mais nous voyons l’effort fait, et concluant, pour rendre Trails from Zero attrayant à notre époque. Le tout sublimé par une OST rendant rêveur. Top.

CONCLUSION

Si vous avez passé des heures merveilleuses devant un Final Fantasy VI, si les univers à la Secret of Mana ou encore Suikoden vous parlent, alors lancez-vous sans crainte dans The Legend of Heroes : Trails from Zero. Vous y trouverez forcément votre bonheur. Et il convient tout à fait à la découverte d’une saga déjà constituée de très nombreux titres. Bien que nous croisons des figures iconiques connues seulement des initiés, nos héros sont des nouveaux venus et donc leur intégration dans la chronologie en fait une parfaite porte d’entrée. Nous avons hâte de poursuivre leurs aventures dans The Legend of Heroes : Trails of Azure qui est censé être bientôt porté. En attendant, vous pouvez donc retrouver The Legend of Heroes : Trails from Zero sur Nintendo Switch, PlayStation 4 et PC via Steam. Une édition physique “deluxe” est également disponible et vient accompagnée d’un petit artbook, de l’OST digitale ainsi que d’une jolie cover réversible. Une très bonne surprise que cette découverte d’un nouvel univers à creuser. Formidable.

  • Testé sur Nintendo Switch

The Legend of Heroes : Trails from Zero

8.2

Note

8.2/10

POINTS POSITIFS

  • Un scénario prenant et des personnages attachants
  • Un univers étendu très bien pensé
  • Une OST sublime
  • Des graphismes sympathiques
  • Un JRPG classique

POINTS NÉGATIFS

  • Un JRPG trop classique ?
  • Bien qu'arborant de jolis graphismes lissés, nous ressentons parfois le poids des ans
  • Pas de traduction française
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DickOReilly

Quinquagénaire et heureux papa deux princesses, je suis un amoureux des vieux bouquins et des gros pixels. J'aime particulièrement la scène homebrew sur Commodore 64, le versus fighting, les jeux d'horreur et quelques JRPG. Peace.

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