Hommage aux arts martiaux et au genre cinématographique du “Revenge Movie”, SIFU a vite fait parler de lui dès son annonce il y a de ça un an. Second jeu du studio parisien Sloclap, on sent complètement l’expérience acquise par la sortie d’Absolver, leur premier jeu salué par la critique. Mais alors, tout cela suffit-il à en faire une référence dans son genre ?
La vengeance, le moteur de SIFU
Tel un Revenge Movie asiatique des années 2000, le postulat de SIFU tient sur un mouchoir de poche. À coup d’élève qui se retourne contre son maître et du meurtre de votre père auquel vous assistez, vous jurez vouer votre vie à le venger. Vous passez alors 8 ans à vous entrainer au Kung-Fu et, une fois que vous estimez être prêts, partez traquer chaque sbire de l’assassin de votre père. Le tout à l’aide de votre magnifique tableau de chasse remplis de fils de couleurs.
À la manière d’un Old Boy, The Raid, ou même d’un John Wick qui puise aussi dans ce genre-là, votre chemin sera parsemé d’embuches. Vous devrez donc monter l’échelle sociale pour arriver au grand méchant tant attendu. C’est d’ailleurs là l’une des grandes forces du titre : l’écriture.
Si sur le papier, le scénario est expéditif. Nous assistons cependant à un Beat’em all revisité qui nous retranscrit très bien toutes les sensations d’un film de bagarre. Le tout arborant une esthétique “style peinture” à l’ambiance mythologie chinoise, pour un effet des plus beaux. On notera d’ailleurs que SIFU tourne en 4K 60FPS sur PC et PlayStation 5 (contre du 1080p sur PlayStation 4.)
Un gameplay exigeant
Un petit détail de scénario que j’ai ommis a cependant toute son importance dans le gameplay. Lors de la scène d’exposition, l’assassin de votre père comprend que vous étiez caché et s’empresse de vous trouver pour vous…trancher la gorge. Sympathique. Mais c’était sans compter sur votre médaillon, qui a visiblement la propriété magique de vous ramener à la vie. Moyennant quelques années.
C’est donc là-dessus que repose une moitié du gameplay de SIFU. À chaque mort, votre compteur augmente de 1, et vous vieillissez du même chiffre. Concrètement, si vous êtes mort trois fois, vous avez donc un compteur à 3 et prendrez 3 ans à la prochaine mort. En plus de gagner en dégâts et de perdre en vie max.
Une mécanique qui vous vaudra une mort assurée à un certain point, généralement vers 70 ans ou plus, et qui vient vous susurrer à l’oreille que la vengeance a un prix.
Difficile à comprendre, difficile à maîtriser
Une fois cette composante assimilée, on passe maintenant au plus dur du gameplay : le système de combat. Si sur le principe, le tout paraît simple, le plus dur sera de s’adapter à chaque situation.
En effet, SIFU vous propose d’entrée de jeu la possibilité de faire des combos, des parades, des esquives, des contre-attaques, des techniques spéciales. Ainsi que des mises à terre qui vous permettront de grappiller quelques points de vie au passage. Le plus dur sera alors de comprendre quoi faire, et quand.
Si c’est ce qui fait la meilleure partie du jeu, c’est aussi ce qui en a fait abandonner plus d’un avant le troisième niveau. Vous embarquez dans l’aventure en essayant de placer les coups justes, de parer quand il faut et d’esquiver juste ce qu’il faut. Laissant très vite une consonante de Die & Retry voir le jour, et ce jusqu’à ce que vous compreniez comment aborder le jeu et son gameplay.
Au fur et à mesure de vos morts, vous débloquerez quelques techniques de combat. Techniques qui vous aideront alors dans votre progression, si tenté que vous les utilisez comme il faut. De quoi vous construire votre propre style de combat avec les moyens du bord, pour vous adapter aux boss et à leurs styles.
Vous comprendrez alors qu’il en va de votre survie de rester jeune. Certaines compétences ne seront plus déblocables après un certain âge, ce qui vous rendra potentiellement la tâche plus compliquée. C’est d’ailleurs pourquoi un raccourci a été prévu dans chacun des cinq niveaux. Cela vous permettra de couper le gros du niveau et d’accéder quasiment tout de suite au boss, bien que vous devrez le débloquer au préalable, au fil de votre aventure. Potentiellement dans un des niveaux suivants.
En plus des raccourcis, SIFU fera appel à votre âme de speedrunner pour optimiser votre partie. C’est pourquoi vous pourrez à tout moment lancer un niveau antérieur. Ceci étant, cela comporte vite un risque : perdre vos compétences. Les seules choses qui vous suivent peu importe votre chemin sont les compétences débloquées de façon permanente ainsi que votre tableau d’enquête. Histoire de revenir de plus en plus fort à chaque run, pour moins mourir et donc moins vieillir.
SIFU repose donc sur des mécaniques plutôt exigeantes et, bien que ce soit bien pensé, il y a un détail qui peut rendre fou. Outre la caméra qui viendra se loger dans des recoins nous empêchant de voir quoi que ce soit par moments. La possibilité de cibler nos adversaires aurait été la bienvenue. On se retrouve souvent à mettre des coups dans le vent ou à un adversaire qu’on ne voulait pas taper, ce qui peut nous valoir une mort inopinée et qui semble assez injuste.
Conclusion :
Le studio Sloclap a visiblement bien potassé son sujet. SIFU est bien exécuté et nous propose une aventure vidéoludique avant un simple jeu de combat. On nous embarque alors sur un chemin d’abnégation, de prise de conscience et de maîtrise de soi à l’image des valeurs des arts martiaux. Le tout dans un packaging des plus agréables à regarder. SIFU n’est visiblement pas à mettre dans toutes les mains et on ne saurait que trop vous le conseiller. Si tenté que vous êtes prêts à vous battre aussi bien que le jeu, que contre vous-même.