Session: Skate Sim

Le monde du skateboard a toujours été fascinant, décalé et souvent déconcertant. Nombreux sont les enfants qui rêvaient (et rêvent encore) de réaliser des tricks monstrueux et si aujourd’hui, les adultes préfèrent se déplacer à vélo ou en trottinette électrique, le skate est encore omniprésent en France. Mais avant d’avoir un niveau convenable, il faut, comme toute activité, pratiquer pendant des heures et des heures… Heureusement, sur les jeux-vidéo il est très facile de prendre sa planche à roulette et faire des Kickflip, des grind ou des tricks surréalistes. D’ailleurs, la licence la plus connue se nomme Tony Hawk’s et si elle se veut Arcade à 100%, certains joueurs préfèrent se tourner vers des simulations poussées. Et c’est ici qu’intervient Session: Skate Sim. Conçu par des skaters pour des skaters, ce dernier introduit une nouvelle façon de faire du skate virtuellement.

Du sang et des larmes :

Session: Skate SimLe skateboard est difficile. Vraiment très dur. Le chemin vers la maîtrise se compte en années, voire en décennies. Réussir un simple Ollie peut prendre du temps et les skateurs vous diront surement que c’est avec les chutes que l’on apprend à skater. Bien sûr, il existe aujourd’hui des figures beaucoup plus complexes, mais c’est toujours un exploit d’arriver à sortir un trick après des heures à s’acharner dessus. Mais il faut des heures d’investissement et une profonde résistance à l’échec pour y parvenir. Cependant au moment où vous faites sauter la planche en l’air, où vous donnez la bonne impulsion avec le pied pour qu’elle tourne une fois, et où vous réussissez à atterrir, la récompense est immense. Il ne s’agit pas d’un accomplissement récompensé par une monnaie quelconque comme le score. Au contraire, le fait de réussir est une récompense plus que gratifiante.

C’est cet état d’esprit qu’on retrouve dans Session: Skate Sim. Certes, ce n’est pas aussi difficile que le vrai skateboard, mais c’est un jeu qui est profondément stimulant et qui vous oblige à “penser comme un skateur”. D’ailleurs, le nom du nom parle de lui-même… Les développeurs de chez crea-ture Studios se sont efforcé de proposer un VRAI simulateur de skateboard. Ils ont fait ici un travail remarquable pour capturer l’essence du vrai skate, même si cette approche se fait parfois au détriment de ce qui fait un jeu vidéo toujours agréable. Car si le marché du skateboard virtuel a longtemps été dominé par la licence Tony Hawk’s, il faudra attendre 2007 pour que EA Black Box lance le bien-aimé Skate, qui faisait au moins allusion à la simulation grâce à son système de contrôle innovant basé sur les pouces et inspiré des mouvements subtils des pieds des vrais skateurs. crea-ture Studios a donc pris l’exemple de Skate et l’a exploité, en proposant une simulation à 100% qui pourrait être considéré comme un mélange entre Train Sim World et Tony Hawk. En tant que tel, comme le vrai skateboard, c’est une expérience difficile, frustrante et profondément gratifiante. Tandis que ses confrères mettent l’accent sur l’enchainement des figures et sur le placement virtuel des pieds sur la planche, Session: Skate Sim mise principalement sur son réalisme. À sa manière particulière et imparfaite, il en dit plus sur le skateboard que tout autre jeu qui l’a précédé.

Trick or Treat ?

Session: Skate SimCelles et ceux qui sont familiers avec les jeux Tony Hawk ou Skate n’auront pas de mal à se faire au cadre : une vaste étendue urbaine jonchée de mobilier urbain parfait pour les grinds et les flip tricks. Et pourtant, ce jeu n’a pas de système de score, pas d’objets cachés à collectionner et très peu d’occasions de faire des cascades. Les frissons sont rares ici. Le nom d’une figure ne s’affiche même pas lorsque vous la réalisez avec succès. La motivation pour jouer est d’explorer le skateboard, et la récompense est de réussir des figures, souvent après un investissement de temps considérable. Au cours de votre première heure, vous devriez commencer à faire des kickflips sur le plat. Après plusieurs heures de jeu, il est possible de faire un flip 360 pour passer un trottoir et atterrir sur une jardinière en béton, et ce de toutes les manières possibles. La sensation de jeu unique de Session: Skate Sim provient d’une combinaison entre le système utiliser pour faire bouger le personnage et les commandes. Selon votre position, un stick analogique représente le pied avant, et l’autre le pied arrière. Si vous vous tenez fermement sur la planche, le fait de pousser dans une direction particulière détermine où vous placez le poids de chaque pied. En partant de là, différents mouvements, déplacements et placements de pieds peuvent tout déclencher, d’un humble pop shuv à un monstrueux caveman.

L’autre différence réside du côté de la physique. En ce qui concerne les grinds, la norme dans les jeux de skateboard est que, dans une plus ou moins grande mesure, en sautant au-dessus d’un objet grindable, la planche “s’accroche” au rail ou au bord. Ce n’est pas le cas dans Session: Skate Sim, où il n’y a aucune aide discernable. Vous devrez vous approcher d’un obstacle avec le bon angle et à la bonne vitesse, exécuter un trick avec un timing méticuleux, puis atterrir avec le poids de vos pieds comme il se doit pour les différents grinds. Touchez un rail décentré d’une fraction de seconde et vous finirez par terre ou dans le décor. De plus, le fait de ne pas avoir à faire de figures “imposées” est un véritable point positif. Toutefois, une chaîne de missions vous accompagne tout au long du jeu, vous présentant des techniques et vous incitant à découvrir de nouvelles zones. Bien que vous puissiez retrouver les objectifs actuels dans le menu pause, le texte qui donne les détails des missions ne peut pas être revu, et devient de plus en plus riche en jargon du skateboard.

Si le texte vous manque, ou si vous n’êtes pas familier avec le jargon du skate, vous vous retrouverez trop souvent dans l’embarras pour progresser. Le vrai skateboard consiste à explorer, et à voir le terrain urbain redéfini à travers un nouvel objectif ludique. Ici le jeu réussit bien les choses en traduisant cette expérience. Il vous donne un skateboard, la gravité, le contrôle de vos pieds, des pans de béton et des rails, et vous laisse décider de ce qui pourrait être possible avec cette combinaison. Et pourtant, la création de creature Studios est aussi une bête très particulière en ce qui concerne la façon dont l’expérience entière est encadrée. Visuellement, le jeu semble accuser 10 ans de retard tout en étant à la pointe de la technologie. Malheureusement, les décors semblent manquer de textures, les paysages urbains sont morts de tonalité, et leur vide étrange est souvent inquiétant. Par ailleurs, les autres skaters sans voix que vous rencontrez semblent un peu trop creux. Même votre propre personnage manque de présence, se transformant en poupée de chiffon à chaque fois que vous tombez de la planche – ce qui arrive souvent. A contrario, les roues, les bandes de frottement et même les vêtements se salissent et s’usent.

Conclusion :

Vous l’aurez compris, Session: Skate Sim privilégie le réalisme à l’atmosphère ou à toute tentative de dynamisme. Là encore, la comparaison avec la vague de simulateurs de ces dernières années s’impose. Une bande sonore dynamique met l’accent sur des genres comme le dancehall et le ragga, et il est possible de personnaliser ses vêtements et sa planche. Mais ne vous attendez pas à plonger dans le style de vie du skateboard, ni à être très coloré. Le jeu capture ce qu’est le skate, et non la culture environnante que ce sport a transmise au grand public. Comme le vrai skateboard, il récompense la persévérance. C’est une quête solitaire qui peut sembler exigeante et plate par moments, mais qu’il est très difficile de laisser tomber. Pour ceux d’entre vous qui pratiquent le skate, le jeu apporte quelque chose de magique, même si elle comporte de nombreux défauts étranges. Si vous n’avez pas touché à une planche depuis celle que vous avez eue dans un magasin de jouets quand vous étiez enfant, et si vous n’êtes pas contre les défis, le jeu peut être profondément gratifiant. La persévérance est payante, dans ce qui pourrait être la contribution la plus distincte du sport extrême à ce jour.

Session: Skate Sim

8.5

Note

8.5/10

POINTS POSITIFS

  • Véritable simulation
  • Complexe
  • Les mécanismes incroyablement réalistes
  • La durée de vie

POINTS NÉGATIFS

  • Le prix
  • Le jeu n'est pas attrayant pour les joueurs occasionnels
  • Les graphismes et la bande-son présentent des défauts évidents
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DrFamikon

Amateur de bières et de FPS, grand fan de Heavy Metal et collectionneur

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