Développé et publié par Capcom, le remake de Resident Evil 4 est disponible depuis le 24 mars dernier sur PC, Xbox Series, PlayStation 4 et PlayStation 5. L’opus original a durablement transformé la licence en adoptant un angle différent. Paru en 2005 sur Gamecube puis PS2, PC et Wii, Resident Evil 4 a marqué une césure dans la licence. Mais ce remake parviendra-t-il à marquer les esprits de la même manière que son prédécesseur ? Ou décevra-t-il les fans ? Réponse dans ce test.
Un remake en amenant un autre, c’est bien ça le dicton ?
Après les remakes réussis de Resident Evil 2 et Resident Evil 3, Capcom continue sur sa lancée en s’attaquant au quatrième volet de la saga. L’enjeu est toutefois de taille cette fois, car Resident Evil 4 a connu un développement chaotique à son époque. Et si le titre est sorti six ans après le jeu précédent, il aura malgré tout réussi à marquer durablement l’esprit des joueurs. Comment est-ce possible ? Tout simplement en révolutionnant la licence.
Oui, Resident Evil 4 fait la part belle à l’action et transforme durablement l’écosystème de la franchise. Adieu les couloirs étroits et l’ambiance solitaire des premiers opus, place à une trame sombre et davantage d’actions. Sur le papier, le pari semble osé, surtout après plusieurs années d’attente des fans. Après des versions bêta annulées et un développement en dents de scies, Resident Evil 4 sortira sur Gamecube où il sera considéré comme l’un des jeux piliers de la console. Peu de temps après, il sera porté sur PS2, PC et Wii. Toutefois, l’histoire montrera que les développeurs de chez Capcom avaient misé juste. Le titre rencontrera un franc succès et parviendra à apporter un second souffle à la saga Resident Evil. Aujourd’hui, la version originale du titre est disponible sur pas moins de 11 plateformes différentes, témoignant d’un succès phénoménal et d’une popularité sans cesse croissante. Presque élevé au monument du jeu vidéo, on retrouve régulièrement le titre dans les classements des meilleurs jeux des années 2000.
S’attaquer au remake de ce grand nom du jeu vidéo était donc une étape importante. Capcom devait absolument réussir son coup, sous peine de faire fuir les joueurs. Et force est de constater que les résultats sont à la hauteur des attentes.
De l’art de sublimer l’ancien
Dès les premières secondes de jeu, l’amour des développeurs pour le titre se ressent. L’ambiance originale de la série est d’office présente et l’on ressent à nouveau le frisson d’excitation à (re)découvrir un jeu de la franchise. Que vous ayez terminé le jeu dix fois à l’époque ou que ce soit votre première prise en main, les sensations seront les mêmes.
Ce remake de Resident Evil 4 est réellement pensé comme une amélioration du jeu de base. Des changements seront visibles pour les joueurs originaux (passages remodelés, évènements modifiés), mais qui sont largement compensés par la nouvelle impulsion donnée au titre. Les environnements du jeu parviennent efficacement à faire transpirer le joueur. En dépit de la réussie atmosphère angoissante qui se dégage du titre, difficile de résister à l’envie d’observer chaque détail des scènes du jeu. Véritable machine à screenshots, Resident Evil 4 vous fera mitrailler l’objectif pour conserver de précieux souvenirs de votre aventure dans le remake….Dommage que le tout ne reste que des captures d’écran, car un mode photo aurait permis de faire des merveilles dans le jeu.
Cômme vous pouvez le comprendre, le coté graphismes est une réussite. Sans être la claque de ces dernières années, l’ambiance originale est parfaitement restituée et l’animation des visages est satisfaisante. La modélisation des boss est également très bien réussie et certains d’entre eux pourraient vous faire frissonner ! On notera cependant quelques textures secondaires (feuillage et éléments de décor) pour lesquels un soin supplémentaire aurait été nécessaire. L’ambiance sonore est également très bien réussie et fait sursauter plus d’une fois tout au long de l’aventure. Au global, ressenti positif en jeu.
J’ai personnellement testé le jeu sur PC et la prise en main est concluante. Avec les graphismes poussés au maximum, j’observe un jeu constant sans baisse de frame rate, ni aucune latence. Également à souligner, je n’ai rencontré aucun bug durant toute mon expérience de jeu. Des éléments à souligner, tant les versions de jeux sur PC sortent avec des soucis d’optimisation, et pour le coup ce n’est pas le cas. Merci Capcom d’avoir pris le temps pour cela.
A côté de cela, Capcom réussit le défi de conserver la patte qui avait fait le charme du jeu à son époque en le transposant aux codes actuels du gaming. Les mini-cinématiques qui se déclenchent lors de certaines actions pourraient aujourd’hui paraître cheap, mais sont finalement bien intégrées au reste. La machine à écrire pour sauvegarder fait également son grand retour ! En somme, le jeu original est conservé dans son jus, tout en s’adaptant à nos standards, et c’est sans doute ce que souhaitent les joueurs, n’est-ce pas?
Leon, l’homme de la situation
Pour rentrer dans le vif du sujet, Resident Evil 4 est un titre plaisant à jouer. Manette en main (clavier et souris pour ma part), le gameplay est fluide et agréable. Le level design est directif, fidèle au jeu originel, mais suffisamment bien amené pour que le joueur se sente intégré à l’exploration.
Resident Evil 4 nous remet dans la peau de Leon, ancien officier de police de Raccoon City. La ville ayant explosé, Leon se voit contraint de trouver un nouveau job (on oublie bien souvent le chômage que causent une invasion de zombies et la disparition de toute une ville). Recruté par le président, on le missionne pour retrouver pour la fille de ce dernier. Sa quête le mène jusqu’à un village isolé dans les tréfonds européens. Et ce qu’il y découvre n’est pas réjouissant. Le jeu débute alors que vous êtes conduits par deux policiers à travers les bois. Je vous passe les détails, mais vous êtes bien vite séparés de votre escorte. Vous voilà donc seul, perdu dans des bois inquiétants, alors que des bruits étranges surviennent tous les trois mètres.
De fil en aiguille, vous arpentez le territoire jusqu’à parvenir au cœur du village où vous assistez, impuissants, à l’exécution par le feu d’un pauvre homme n’ayant rien demandé. Et les ennuis commencent réellement, car les habitants locaux, charmants au demeurant, veulent votre peau. Les vêtements déchirés, les yeux injectés de sang et capables de résister à une balle dans la tête, les locaux ont tout des hôtes parfaits. Sur le point de vous faire avoir, vous êtes sauvés par le gong de l’église. Soudain obnubilés par la pensée de leur dieu, les fidèles s’écartent et fuient, vous laissant seul au milieu des décombres du village.
Je vais passer outre le scénario pour ne rien vous spoiler. Sachez tout de même que le jeu aborde des thèmes plus complexes que les premiers épisodes : religion et secte sont étroitement mêlés à “las plagas”, le virus responsable de l’infection zombie. Las plagas a le don de transformer le plus charmant paysan en une bête de guerre assoiffée de sang équipée d’une tronçonneuse.
Les infectés, c’est pas vraiment le pied
Pour rebondir sur les ennemis, vous en croiserez un certain nombre durant votre aventure. “Certain” voulant dire beaucoup. Contrairement à ses prédécesseurs, Resident Evil 4 est principalement orienté action. Vous abattrez un nombre colossal d’infectés à chacune de vos incursions sur la carte du jeu.
Si les premières heures vous opposent uniquement à des paysans armés de fourches et haches, vous vous retrouverez bien vite à devoir dézinguer des ennemis bien plus délicats. Géants, simulacres de Wolverine ou encore insectes volants non identifiés, il y a de quoi faire dans l’arsenal des infectés.
Heureusement pour votre personnage, de l’équipement vous permettra de vous enrichir rapidement. Reprenant le système de mallette qui a fait le charme de la licence, Leon pourra fabriquer des munitions et du soin avec un système basique d’artisanat. Mais qu’en est-il des charmants fusils à pompe, de l’ô combien aimable mitraillette ou encore du délicieux lance-roquettes ? Vous pourrez évidemment tous les obtenir… moyennant une certaine somme d’argent ! Rien n’est gratuit dans la vie, les enfants. Capable de vous suivre avec plus de facilité que vous ne le faites, le Marchand est, comme son nom l’indique, un vendeur qui vous rachète tous vos objets inutiles pour vous vendre, en échange, un armement de pointe. Notez tout de même que la définition d’objets inutiles encadre les diamants, l’or, les bijoux…
Si les combats vous opposant aux ennemis de base resteront pour la plupart un simple jeu de pistolet, cela est bien différent pour les combats de boss. La plupart de ces derniers sont agrémentés de tout un tas de possibilités pour infliger des dégâts supplémentaires. Pièges, alliés, éléments activables… Les opportunités ne manquent pas. Il vous faudra toutefois les chercher par vous-même, car le jeu ne vous les indiquera pas comme étant des objectifs.
De la diversité avant tout. Comme les infectés.
La progression du jeu s’alterne selon trois grandes phases. Exploration, combat et énigmes. Pour la première, vous vous amuserez simplement à évoluer dans les différentes zones du jeu en ramassant tous les consommables, trésors et petits objets cachés dans les niveaux. Des phases de plateforme très basiques vous permettront d’explorer la verticalité du titre. Les combats peuvent s’opérer avec les armes citées précédemment ou au corps-à-corps. Je vous cache les détails, mais je vous donne un conseil : surveillez simplement que le cadavre de votre victime soit bien inanimé avant de penser qu’il ne se relèvera pas.
Enfin, Resident Evil 4 est truffé de petites énigmes. Très simples, celles-ci permettent toutefois d’alléger le titre en aérant les phases de combat. Des missions secondaires sont également disponibles dans à peu près chaque zone du jeu.
Tout ce gameplay est garni d’un enrobage à la sauce jeu en duo. En effet, la majeure partie du jeu se déroule en duo avec un autre personnage. Ce dernier aura des interactions limitées : se rapprocher ou s’éloigner de vous, se cacher et, occasionnellement, se faire enlever par les forces ennemies. Plutôt utile, n’est-ce pas ? Sans rigoler, les personnages secondaires que vous croiserez dans le jeu auront des styles totalement différents et modifieront votre approche des situations.
Enfin, il est à noter que le titre embarque un mini-jeu de tir plutôt marrant, mais qui n’a rien de révolutionnaire.
Il faudra compter une vingtaine d’heures pour compléter le jeu une première fois. Les aficionados du 100% s’amuseront tout de même à essayer de réussir l’intégralité des défis supplémentaires proposés par le jeu.
Il a des défauts votre ami ?
En dépit de tous ces points positifs, Resident Evil 4 n’est pas exempt de défauts. Tout d’abord, le personnage est lourd et les mouvements transpirent le TPS du début des années 2000. Si cela confère son charme rétro au titre, ce n’est parfois pas un avantage.
Autre point négatif à relever, la qualité rédactionnelle n’est pas le point fort du titre. Resident Evil 4 tente d’aborder des thèmes complexes. L’ambiance est réussie, l’immersion est totale… Tant que les personnages ne parlent pas. Les dialogues sont vides de sens et clichés au possible. Heureusement, les lettres et notes dispersées un peu partout dans le monde rehaussent le niveau.
Enfin, on notera l’absence de la campagne d’Ada Wong dans le jeu. Présente dans l’opus original, on ne peut qu’espérer la voir débarquer prochainement.
Conclusion
Resident Evil 4 est un remake savamment orchestré. La mise en scène, l’immersion et le game-design jouent en faveur d’une belle réussite. Si Resident Evil 4 restait un jeu récent d’encore très bonne facture, Capcom parvient à rafraîchir efficacement le titre en proposant une version améliorée de l’excellent opus de base. Poussée par un gameplay nerveux, la narration du titre est réussie malgré des dialogues en demi-teinte. On regrettera tout de même l’absence de la campagne d’Ada Wong dès la sortie initiale du titre. Avec une solide campagne et une foule de défis supplémentaires pour les plus acharnés, Resident Evil 4 est une très belle sortie de ce début d’année.
*Test effectué sur PC
Resident Evil 4
POINTS POSITIFS
- Game-design soigné
- Très forte immersion
- Le soin apporté aux détails
- Un remake qui veut vraiment améliorer le jeu de base
POINTS NÉGATIFS
- Un personnage lourd
- Des dialogues clichés
- La campagne d'Ada Wong manquante
Neophyte
Amateur de stratégie, de gestion, de RPG isométrique et de jeux indés. Ah, et j'écris aussi des fois.