Redfall trailer

Arkane Studios revient sur le devant de la scène avec Redfall, un FPS disponible en exclusivité sur les plateformes Microsoft et sur le Game Pass. Annoncé lors de l’E3 2021, ce dernier avait suscité beaucoup d’intérêts, surtout grâce au prestigieux passé des licences d’Arkane. Il faut dire que le studio a toujours su apporter une proposition innovante au genre du FPS avec chacun de ses titres. La série Dishonored s’est distinguée par son level design brillant, sa direction artistique captivante et sa liberté d’approche et Arkane Lyon a proposé avec Deathloop une structure basée sur une boucle temporelle dans laquelle le joueur est pris au piège. Avec Redfall, développé par Arkane Austin, le studio tente un nouveau défi en proposant une expérience plus sombre, conçue à la fois pour le solo et pour le multijoueur coopératif. Malheureusement, le jeu accuse le coup et si il reste plaisant à jouer, il faut bien admettre que ce dernier semble avoir une décennie de retard…

Entretien avec un vampire :

Sur le papier, Redfall avait pourtant de quoi plaire. Le jeu se déroule dans une petite ville de l’est des États-Unis envahie par des vampires. Les joueurs incarnent un groupe de héros improbables qui se battent pour sauver la ville et éliminer la menace vampirique. Chaque personnage jouable possède ses propres compétences et capacités uniques, ce qui permet aux joueurs de choisir un style de jeu qui leur convient le mieux. Vous l’aurez compris, avant de partir affronter les vampires, vous devrez choisir parmi quatre personnages. Chacun possède trois capacités qui varient en termes d’utilité. Jacob se révèle plutôt agréable à jouer avec sa capacité à repérer les ennemis à distance, sa capacité d’invisibilité et son ultime qui invoque un fusil de précision. Devinder est un personnage qui utilise une lance foudroyante, peut se téléporter et se servir d’une caméra aveuglante. Rémi, quant à lui, peut exploser les ennemis avec des C4, commander à sa sirène d’attaquer ou créer une zone de soins. Layla, en revanche, ressemble plus au boulet du groupe… Son pouvoir lui permet d’invoquer un ascenseur pour se propulser dans les airs (ce dernier est très difficile à maitriser) et ne sert pas à grand chose pendant les combats. Elle peut également invoquer son ex, Jason, pour l’aider temporairement à vaincre les adversaires et peut repousser les balles avec un parapluie spécial.

Une fois le personnage sélectionné, les choses se compliquent. Redfall souffre de problèmes visuels flagrants, malgré la résolution 4K. Les textures sont grossières et les modèles 3D des personnages sont peu convaincants. Que ce soit la végétation, les rochers, l’eau ou les différents bâtiments du jeu, tous les éléments graphiques sont décevants. Cela est encore plus frappant pendant la journée. Heureusement, les longues nuits de Redfall et les effets de lumière réussis grâce au HDR parviennent à masquer partiellement ces lacunes graphiques. Du point de vue technique, ne vous attendez pas à beaucoup mieux. Le jeu est limité à 30 images par seconde sur Xbox Series… Du côté des animations, ce n’est pas mieux. Les ennemis sont lourds, lents, possèdent le QI d’un influenceur de télé-réalité et bougent comme ils venaient de la Xbox 360. Et comme si cela ne suffisait pas, les bugs sont légions ! Que ce soit les vampires ou les humains qui traversent le sol ou qui se téléportent sans crier garde, les textures qui chargent au dernier moment, l’HUD qui disparait et réapparait ou tout simplement le jeu qui plante en pleine partie (ce qui bien évidemment supprime la partie en cours)… il fallait plus de courage pour dompter la bête que pour affronter les monstres.

Tu étais l’élu !

Redfall est décrit comme un jeu de tir à la première personne en monde ouvert avec des éléments de jeu de rôle. Alors oui, dit comme ça cela donne envie. Les joueurs peuvent explorer librement la ville de Redfall, rencontrer des personnages non-joueurs, accomplir des quêtes et trouver de l’équipement pour améliorer leurs capacités de combat et débloquer une grande variété d’armes et de pouvoirs surnaturels pour affronter les vampires et d’autres ennemis. Cependant, si l’aventure peut se faire en coopération, jouer seul peut s’avérer très vite ennuyeux. Le jeu est VIDE même très VIDE !! Vous commencez dans une base, avec des quêtes principales choisies à partir d’un tableau de missions. Elles sont linéaires et consistent principalement à se rendre à un endroit pour récupérer un objet, interagir avec quelque chose ou éliminer un vampire plus puissant que ceux qui rodent dans les rues. Il y a quelques quêtes secondaires que l’on peut découvrir en explorant ou en parlant aux gens du refuge, mais malheureusement, cela revient à toujours faire la même chose. Même les refuges, qui peuvent être trouvés et débloqués dans chaque district de la carte, se répètent. Il faut trouver un générateur et l’allumer pour le déverrouiller, réussir une mission et vaincre un sous-boss étonnamment peu puissant…

Au final, la routine s’installe très vite dans Redfall et il est difficile de passer à côté des nombreux bugs et autres soucis et de simplement profiter du voyage. Le schéma est toujours le même : passer au refuge, faire le plein, choisir une mission, éliminer les ennemis, explorer tel ou tel lieu, faire exploser un ou deux trucs au passage, trouver des objets précis et retourner à la base pour recommencer. Il y a quand même deux ou trois missions qui ajoutent du piment à l’ensemble, ainsi que des détails intéressants impliquant les vampires principaux, mais nombreux seront les joueurs à tourner en rond avant d’accéder à ses éléments clés. La narration est aussi l’autre gros point noir du jeu. Cela est assez surprenant par rapport aux autres jeux d’Arkane. Pour chaque mission principale de l’histoire, vous avez une sorte de séquence d’introduction cinématographique, mais au lieu d’une scène visuelle, elles se déroulent comme si quelqu’un avait appliqué l’effet Ken Burns sur des concepts artistiques. Les moments clés de l’histoire sont révélés à travers des flash-backs, où vous regardez des silhouettes bleues rejouer un moment important qui se déroule avant la prise de contrôle des vampires. Encore une fois, c’est très abstrait et cela minimise l’intérêt narratif qui se cache en leur sein. Les personnages que vous rencontrez dans les bases semblent également terriblement sous-développés, la majorité de vos “discussions” avec eux se limitant à un grognement, un soupir ou un simple bonjour.

C’est la gousse de trop !

Il y a aussi des bizarreries dans la façon dont Redfall gère le mode coopératif. Tout d’abord, il n’est pas possible de rejoindre une partie en cours, donc à moins de choisir l’option “héberger une partie” à l’écran titre, vous devrez revenir au menu si vous souhaitez jouer avec des amis. La structure est également étrange, car seul l’hôte fera progresser l’histoire, ce qui signifie que les autres joueurs devront rejouer toutes les quêtes. Les autres joueurs obtiendront tout le reste, comme l’expérience et les armes, mais il n’y a pas vraiment de rejouabilité. Les missions principales ou les missions des Safe Houses ne peuvent pas non plus être rejouées, laissant les nids de vampires (donjons) comme la seule chose restante à refaire indéfiniment. Surtout que ces donjons sont relativement courts et linéaires et vous font simplement traverser des zones générées aléatoirement pour atteindre un “cœur” que vous devez détruire en échange de butin. A l’heure actuelle, il est donc inutile de jouer en coopération, car il n’y a tout simplement pas assez de butin à partager et le plaisir n’est pas au rendez-vous.

Cependant tout n’est pas mauvais ici non plus. En effet, jouez avec des amis augmente les compétences axées sur la coopération et vous permet de gagner la confiance des autres personnages. Ils se parleront progressivement davantage, apprendront à se connaître au fil du temps, et le fait d’augmenter ce niveau de confiance débloquera également d’autres avantages. Cela pourrait offrir une expérience coopérative à long terme captivante, mais en l’état, ce n’est tout simplement pas ce que propose Redfall.

Conclusion :

Ce qui caractérise Redfall d’Arkane, c’est son monde dense et visuellement magnifique en surface. Cependant, le jeu est relativement court, avec une durée d’environ 20 heures pour une partie solo, mais il reste néanmoins captivant et intriguant à explorer. Arkane a clairement veillé à ce que chaque zone ait une identité distincte, avec des lieux historiques à découvrir. Malheureusement, Redfall souffre actuellement de nombreux bugs. Les déplacements rapides ne fonctionnent pas toujours, les ennemis humains arrêtent régulièrement leurs animations ou ne réagissent pas à votre présence, et les vampires peuvent se téléporter directement dans le décor et y rester coincés. Les textures peuvent être incohérentes, et le jeu donne l’impression d’être sorti il y a 10 ans en termes de qualité visuelle. De plus, sur Xbox Series X/S, il n’y a pas de mode 60fps, ce qui donne une sensation de combat saccadée. Redfall ne répond finalement pas aux normes habituelles d’Arkane. Il donne l’impression d’avoir été précipité, il est incomplet et il est difficile de prendre du plaisir à y jouer. Le mode solo est entravé par une structure de jeu de tir en monde ouvert basée sur une équipe, le mode multijoueur est freiné par des décisions étranges, et les sensations de tir satisfaisantes sont gâchées par des missions peu inspirantes.

Redfall

6.2

Note

6.2/10

POINTS POSITIFS

  • La direction artistique
  • L'univers

POINTS NÉGATIFS

  • Histoire limitée
  • Répétitif
  • Trop de bugs
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DrFamikon

Amateur de bières et de FPS, grand fan de Heavy Metal et collectionneur

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