Leif’s Adventure: Netherworld Hero est un jeu d’action-aventure de type platformer, édité par Mindscape et développé par OneManOnMars, pseudonyme de Roman Fuhrer. Le titre a vu le jour le 19 décembre sur PC, PlayStation 5 et Nintendo Switch et plonge le joueur dans une épopée inspirée du folklore nordique. Pour la petite histoire, il est le résultat de 7 années de travail acharné de la part de son unique concepteur. Alors, sa patience a-t-elle payé ?
Bienvenue dans le Grand Nord avec Leif’s Adventure: Netherworld Hero
Quoi de mieux qu’un bon jeu de plateformes pour s’arracher les dents en période de fêtes ? Heureusement, Leif’s Adventure: Netherworld Hero est là pour ça ! Le titre, qui se présente comme un scroller en 2D à la fois classique et nerveux, semble d’emblée répondre aux attentes des puristes. Mais pour faire un bon platformer d’action, la fluidité et le level design, quoiqu’essentiels, ne suffisent pas. En effet, il faut une direction artistique et un univers solides.
Leif’s Adventure nous plonge donc dans l’univers rude et froid du Grand Nord… entre autres. On y incarne Leif, l’apprenti forgeron d’un village de vikings ainsi que le fils cadet du chef. Sa mère est décédée en lui donnant naissance et, depuis, le petit blondinet est surprotégé par son père, très sévère avec lui.
Si Leif est perçu par son entourage comme frêle et incapable, c’est tout l’inverse pour son frère aîné. En effet, le preux Ragnar, héros du village, est un guerrier très populaire auprès des hommes et des femmes. Pourtant, c’est bien Leif qui devra sauver la situation lorsque le village est un jour attaqué par de mystérieux guerriers de glace.
Transporté dans un autre monde après avoir traversé un portail, le jeune héros rencontre Ghost, un esprit qu’il sauve sans faire exprès d’un énorme poisson. Afin de rembourser sa nouvelle dette, Ghost décide alors d’accompagner Leif dans sa quête pour retrouver et sauver son village.
Débute alors une quête à travers six mondes très variés, allant de cavernes miroitantes à des lacs de soufre, en passant par le pays d’Ariibora et sa civilisation vénérant l’Arbre-Monde. À travers son aventure contre les forces maléfiques du Néandre, Leif découvrira ainsi la valeur du courage et de l’amitié en compagnie de son allié Ghost. Sur le chemin, de nombreuses quêtes secondaires amusantes et variées attendront également les deux amis. De quoi se distraire un peu de l’aventure principale, de rencontrer de nouveaux personnages hauts en couleur et de mettre la main sur du bon butin.
La direction artistique est très réussie grâce à ses dessins faits main dans un style un peu cartoonesque. On a même droit à de courtes cinématiques à base d’artworks réalisés avec amour, ainsi qu’à de plus longues séquences entièrement dessinées sur fond de chansons de barde. D’ailleurs, la musique est de qualité. Volontiers épique, elle s’adapte à toutes les situations et devient même plus tendue dans les situations dangereuses, par exemple en présence d’ennemis puissants.
Enfin, le jeu fait preuve d’un indéniable sens de l’humour. Les blagues s’adressent à un public large en frôlant régulièrement les limites du politiquement correct. Mais le jeu censure toujours les insultes et autres gags et références volontiers salaces. Parmi les personnages extravagants qu’on croise pendant l’aventure, certains n’hésitent d’ailleurs pas à briser le quatrième mur avec des plaisanteries au ton anachronique qui parlent au joueur depuis son fauteuil ou son canapé. Par exemple, une éleveuse de porcs se plaint des “citadins”.
Une belle palette de mouvements
L’univers, le scénario, c’est bien beau, mais nous parlons quand même d’un platformer. Alors, qu’en est-il du gameplay ? Autant se rassurer tout de suite : OneManOnMars a fait du bon travail. Les contrôles sont plutôt fluides et la palette de mouvements de Leif n’a rien à envier aux meilleurs classiques.
Leif peut évidemment sauter, mais aussi s’accrocher au bord des plateformes pour y grimper. Une aubaine quand on voit à quel point certains sauts sont ric-rac. Même si bien souvent, on a du mal à comprendre quel pixel il faut toucher pour réussir à s’accrocher… On peut également effectuer un saut mural. Un seul cependant : on n’est pas sur un Mario. Le saut mural est toutefois très utile, lorsqu’on le maîtrise, pour atteindre des endroits secrets ou simplement difficilement accessibles d’une autre manière. Il est également possible de s’accroupir, et même d’effectuer une glissade si l’on s’accroupit immédiatement après un déplacement.
Leif peut aussi faire une roulade vers l’avant et une esquive vers l’arrière. Cette esquive peut même donner lieu à un combo en trois temps : d’abord deux légers pas de recul, puis un salto arrière qui permet de couvrir une longue distance (souvent un peu trop longue d’ailleurs). Ces mouvements se révèlent utiles en combat pour échapper aux assauts des ennemis, qui ont tendance à nous coller quelques coups avant qu’on n’arrive à les abattre. Mais nous reviendrons plus en détail sur les mécaniques de combat.
Enfin, le gameplay serait incomplet sans la participation de notre ami Ghost ! En effet, un bouton permet de passer du contrôle de Leif à celui de son ami fantomatique, capable de voler à travers l’écran. Lorsque Ghost est actif, Leif est forcé de demeurer immobile. Ghost a le pouvoir d’interagir avec l’environnement, que ce soit pour assommer les ennemis, créer des plateformes, désactiver des pièges, actionner des interrupteurs ou encore récupérer les gemmes et les cœurs qui viennent d’être perdus avant qu’ils ne disparaissent de l’écran.
Ghost possède aussi un dash qui lui permet de couvrir plus rapidement l’écran. Ce qui n’est pas de refus, étant donné que vous allez l’utiliser souvent ! De fait, les tableaux du jeu sont remplis d’orbes flottants inaccessibles à Leif et qui vous demanderont donc de faire appel à votre compagnon. Nous aborderons l’utilité de ces orbes plus tard. Notons simplement que Ghost ne possède pas une portée illimitée. Une fois trop éloigné de Leif, il sera ainsi incapable d’aller plus loin.
À noter qu’il existe un mode coop qui permet au deuxième joueur de contrôler Ghost. Cette division des tâches permet de fluidifier le gameplay tout en offrant à chacun de s’amuser. De fait, Leif et Ghost sont tous les deux essentiels, et le level design ne manque pas de le rappeler avec ses plateformes à activer et ses obstacles à neutraliser.
On ne dirait pas comme ça, mais le jeu est plutôt exigeant, que ce soit en matière de plateformes ou de combats. La plupart des phases sont rapides et nerveuses et demandent de prendre en compte beaucoup d’éléments (vide, obstacles, ennemis…) et de réagir vite. Entre les obstacles à éviter et la gestion de Ghost (qui, rappelons-le, rend Leif inactif même sur les plateformes mobiles), il faut un bon timing pour accomplir les phases de plateformes et remporter les combats de boss. Par exemple, contre le troll vert, Ghost doit désactiver les plantes rampantes tandis que Leif doit éviter les coups de poing du boss tout en veillant à lui infliger des dégâts au moment opportun.
Des armes, des chouettes, des brillantes
Qui dit platformer d’action-aventure dit action, mais aussi… aventure, tout le monde suit ? De fait, le gameplay est bien plus riche que simplement courir, sauter et rouler. Leif bénéficie ainsi d’un inventaire qui lui permet, au cours de son périple, de collecter plusieurs armes avec des caractéristiques et des statistiques variées. En effet, il existe 3 genres d’armes : les armes contondantes (qui réunissent les haches et les marteaux), les épées et les lances. Les premières sont dévastatrices mais lourdes, avec des coups lents. Les deuxièmes, plus légères, attaquent rapidement mais avec une portée limitée. Enfin, les troisièmes jouissent d’une longue portée.
Certaines armes bénéficient de facultés particulières. Par exemple, celles qui portent une icône en forme d’étoile peuvent infliger des coups critiques. Il existe également des armes dotées de pouvoirs élémentaires : le feu l’emporte sur la glace, la glace sur la foudre, la foudre sur le feu. Ainsi, il est nécessaire d’adapter son style de combat à l’ennemi qu’on affronte.
Chacune de ces armes possède en outre deux statistiques propres : le nombre de dégâts qu’elle inflige et sa durabilité, qui correspond au nombre de coups qu’elle peut donner avant de se briser. À noter qu’on peut à tout moment réparer une arme en échange de gemmes que l’on récolte au cours de l’aventure. En effet, ces gemmes sont la monnaie principale du jeu et, comme les rubis de Zelda, on en trouve partout : sur les ennemis, dans les pots, les rochers, les coffres… À propos, on trouve régulièrement ce genre de coffres remplis de butin. Problème : leur contenu se déversant aussitôt, il a tendance à tomber dans le vide dès leur ouverture.
Évidemment, ces gemmes peuvent être dépensées en magasin pour acheter de nouvelles armes, des potions, des emplacements d’inventaire supplémentaires (en sachant que les potions occupent une place) ou encore des armures. D’ailleurs, ces dernières modifient l’apparence de Leif, offrant des options de personnalisation bienvenues. On peut également fabriquer de l’équipement puissant grâce aux plans d’armure disséminés dans les différents royaumes du jeu.
L’argent sert aussi à obtenir de nouvelles techniques de combat auprès d’un maître d’armes à Ariibora. Celui-ci peut même les enseigner gratuitement, à condition qu’on ait activé l’autel correspondant à la technique en question dans un des royaumes du jeu. Ces nouvelles bottes, comme l’attaque aérienne ou la frappe météore, permettent d’ajouter du sel aux combats. Mais même sans elles, il est possible d’effectuer des combos avec chaque arme en frappant 3 fois d’affilée. Il faut néanmoins être prudent, car les ennemis ont souvent le temps de frapper pendant l’exécution d’un combo. Il ne faut donc pas hésiter à enchaîner ses coups avec une roulade ou une petite esquive.
Dernier point sur les armes : il est possible de les déconstruire à tout moment en échange d’orbes. Cette mécanique est intéressante, mais elle prend la tête car elle demande une longue succession de commandes inadaptée à un usage aussi fréquent. En effet, il faut souvent libérer un emplacement d’inventaire, ramasser l’arme, la défaire puis récupérer l’arme qu’on a laissée tomber. Ces orbes s’échangent ensuite à leur tour contre des gemmes ou des défis à la Tour des défis située à Ariibora. Ces défis exigeants mettront à l’épreuve vos capacités en matière de plateformes. Une occasion parfaite d’ailleurs de se rendre compte des quelques défauts techniques du jeu et d’en subir toute la frustration.
Leif’s Adventure: Netherworld Hero, ou Leif la glisse
Eh oui, car Leif’s Adventure: Netherworld Hero n’échappe pas aux problèmes que peut affronter un jeu développé par une seule personne, malgré l’indéniable qualité de son immense travail. Ces problèmes ne sont pas nombreux, mais ils n’échappent à aucun joueur, qu’il soit habitué ou non aux platformers. Nous avons déjà évoqué la difficulté qu’a parfois Leif à s’accrocher aux rebords, mais ce n’est pas tout.
D’abord, n’importe qui se rendra compte assez vite que Leif est une énorme savonnette. Il n’est pas rare d’atteindre une plateforme et de tomber dans le vide quelques centimètres plus loin en glissant juste après avoir touché terre. Ce problème se résout de lui-même si on ne touche à aucun bouton le temps que Leif atterrisse. Mais il suffit d’appuyer légèrement sur une direction pour que le personnage soit attiré par un mouvement d’inertie bizarre. Or, dans un platformer où les sauts s’enchaînent de manière parfois millimétrée, c’est très gênant.
Autre problème désagréable : la caméra a parfois un peu de mal à suivre Leif. Cela se traduit par des défauts fréquents dans le centrage de l’écran : Leif, ou tout autre personnage important, se retrouve souvent seul à gauche ou à droite de l’écran. Résultat : on manque de visibilité d’un côté, et on a droit à de grandes zones vides de l’autre. En outre, la caméra a la fâcheuse tendance de faire de grands mouvements brusques au moindre déplacement ou saut de Leif. C’est d’ailleurs souvent ce qui provoque le problème susmentionné.
Une autre conséquence de ce problème concerne les dialogues. En effet, on n’a parfois pas le temps de les lire pour la simple et bonne raison qu’ils sortent de l’écran dès lors que les personnages se déplacent un peu trop vite (c’est le cas de Ghost fuyant le poisson lors de sa première apparition). En outre, certaines boîtes de dialogue ne s’affichent que quand on se tient sur des pixels hyper précis.
Enfin, il existe un élément de level design qui est source de beaucoup de frustration, notamment dans un jeu qui se veut aussi dynamique qu’un platformer. Nous avons évoqué les orbes que Ghost peut récupérer en volant. Eh bien, ces orbes sont omniprésents dans chaque tableau, ce qui signifie que vous vous sentirez obligé de passer énormément de temps à utiliser Ghost pour tous les récupérer. À noter qu’ils se situent rarement directement sur le chemin de Leif, mais plutôt dans des endroits inaccessibles en hauteur. Ajoutez à cela qu’ils réapparaissent chaque fois qu’une zone est chargée, et vous n’en finirez jamais de les récolter.
Conclusion
Leif’s Adventure: Netherworld Hero est l’aboutissement réussi de 7 années de dur labeur d’un unique développeur chevronné. Quand on voit le résultat, on est obligé de tirer son chapeau à Roman Fuhrer. Le jeu est charmant, possède un univers immersif et cohérent, un gameplay riche, varié et plutôt fluide et de très bonnes idées de level design grâce à la coopération essentielle entre Leif et Ghost.
On regrette simplement les couacs techniques concernant la caméra, ainsi que les quelques impuretés résiduelles dans le gameplay et le level design. L’incessante récolte d’orbes, les semelles glissantes de Leif ou encore ses facultés hasardeuses à s’agripper aux rebords des plateformes gâchent parfois l’expérience de jeu. Mais cela n’enlève rien à la qualité générale du titre, et d’aucuns pourraient même y trouver une difficulté supplémentaire et bienvenue.
Test effectué sur Switch via un code fourni par l’éditeur.
Leif's Adventure: Netherworld Hero
POINTS POSITIFS
- L’univers immersif et plein de charme fait main.
- Les personnages hauts en couleur et attachants.
- La richesse de la palette de mouvements.
- Les interactions bien pensées entre Leif et Ghost, surtout en coop.
- La variété de l’équipement à récupérer.
- Les quêtes secondaires.
POINTS NÉGATIFS
- Les problèmes fréquents de caméra.
- Leif adhère peu aux plateformes.
- Beaucoup de récolte d’items.