TEST Ember Knights

La simple évocation de l’éditeur Asmodée devrait suffire à faire frissonner d’envie tous les fans de jeux de société. En effet, l’entreprise, qui est devenue avec le temps une véritable multinationale collectionnant les succès, dispose d’un catalogue comprenant des centaines de jeux, parmi les plus plébicités en France et à travers le monde. Mais c’est ici la branche digitale de l’entreprise qui nous promet un Roguelite pour le moins prometteur. Ember Knights est son nom. Et s’il aura fort à faire pour se tailler une place parmi la ribambelle de titres ayant raffraichi le genre avec brio durant les dernières années, ce titre ne manque pas d’arguments. De la Coop, du Pixel-art, du fun et du dynamisme… le studio de développement Doom Turtle a mis le paquet pour nous régaler. Cela a t-il fonctionné ? La réponse ci-dessous.

Pour la petite histoire

Ember KnightsLe scénario d’Ember Knights nous plonge dans une sombre histoire de vengeance aux accents apocalyptiques. Tout commence en effet avec la nomination d’Esper au poste de Gardien du Nexus par le Grand Architecte. Ce faisant, l’entité suprême ne se doute pas que Praxis, le collègue et ami d’Esper, sera dévoré par la jalousie. Se noyant progressivement dans le ressentiment le plus sombre, celui-ci fait finalement déferler ses hordes démoniaques depuis les recoins les plus malfamés des Mondes Primordiaux. Esper n’a donc d’autre choix que d’utiliser sa magie pour conjurer les Ember Knights, soldats légendaires capables de sauver les Mondes Primordiaux. Bien que ce scénario ne soit pas nécessairement rocambolesque, il fait très bien l’affaire dans la mesure où il nous place naturellement dans le giron d’Esper tout en générant chez nous un ressentiment naturel contre les agissements de Praxis.

Si l’essentiel du scénario est par la suite délivré par le biais des dialogues in-game, saluons d’ores et déjà la cinématique d’ouverture qui a le mérite d’être suffisamment explicite tout en laissant planer un mystère intriguant autour de la trame narrative du jeu. Le style pixel-art magnifique est très bien mis en valeur dans cette vidéo qui constitue une superbe entrée en matière. Pour revenir un instant sur les dialogues, ceux-ci nous ont paru justes, car un certain sens de la mesure leur a été appliqué. Ni trop courts, ni trop longs, ni trop légers, ni trop graves, ni trop présents, ni trop éloignés les uns des autres. Les mots de chaque PNJ nous sont délivrés en temps et en heure pour nous guider dans notre quête. Cela crée une alternance appréciable entre les phases ultra-nerveuses de gameplay où l’on enchaîne les runs pour acquérir les précieuses Embers et les phases plus posées où l’on prend le temps de découvrir les personnages et leur personnalité souvent singulière mais jamais survendue. Chacun a sa lecture des évènements du scénario et nous éclaire donc sur la nôtre.

Premiers pas agréables, end-game redoutable

Ember KnightsDès notre entrée dans le Nexus, nous voilà donc lancés dans notre aventure aux côtés d’Esper, notre affable mentor. Prenant le contrôle de l’Ember Knight bleu, nous découvrons rapidement les contrôles dynamiques du jeu. La mobilité fulgurante de notre personnage saute rapidement au yeux, ce qui est très appréciable. On adore se mouvoir avec vivacité dans le décor en abusant de la roulade. L’arme de base est une épée qui fonctionne sur un combo 3 coups, le troisième étant assez dévastateur. L’essentiel des combats consiste donc en un juste équilibre à trouver entre les esquives et les assauts. Si cela peut paraître simpliste, cela n’en demeure pas moins très efficace. D’autant que l’on sera très tôt confronté à l’importance primordiale du timing. Chaque ennemi ayant ses propres attaques, il faudra bouger et se fendre avec la rigueur d’un mousquetaire pour en venir en bout sans laisser derrière nous les précieux PV.

Car en effet, le jeu ne fait pas de cadeau avec les hitboxes. Les premiers ennemis et niveaux qui se présentent à nous auront tôt fait de nous l’enseigner : il va falloir apprendre à bouger pour avancer sans laisser trop de plumes dans les premiers niveaux. Faute de quoi, les combats de boss viendront nous achever sans la moindre pitié. Par conséquent, nul matraquage de bouton « attaquer » ne sera efficient ici. Même chose pour la roulade qui n’offre qu’une légère fenêtre d’invulnérabilité. Ainsi, le jeu propose une difficulté qui peut paraître saisissante au début. Mais en progressant dans le jeu, on accède à davantage de contenu et fonctionnalités qui seront autant d’éléments nous permettant d’aborder plus sereinement les premières étapes de notre avancée. On avance donc par paliers. Le premier niveau devient plus tranquille grâce à des upgrades bienvenus et récompensant notre progression sur les premiers gros runs. Pas d’inquiétude, le deuxième est là pour nous calmer. De nouveaux runs lucratifs en termes d’Embers seront nécessaires pour parvenir à aborder plus sereinement ce nouvel obstacle. Et ainsi de suite…

Compétences et Reliques

Ember KnightsDe plus, bien que le bestiaire ne soit pas gargantuesque, il faut un petit temps pour intégrer le rythme des attaques de chaque ennemi. Plus encore, le jeu propose une combinaison de compétences et de reliques pour constituer votre build. En premier lieu, les compétences fonctionnent comme des attaques spéciales que l’on charge en donnant des coups aux ennemis. Arrêtons-nous un instant sur cette mécanique qui nous a particulièrement séduit. Le fait de devoir porter un nombre de coups précis avant de pouvoir conjurer un cyclone ou congeler une ligne d’ennemis d’un seul coup par exemple, crée une possibilité d’anticipation très agréable. En effet, le jeu semble récompenser les combos malins, que l’on intègre à force d’éprouver chaque compétence découverte en avançant. Et si, là encore, le répertoire n’est pas franchement pléthorique, nous avons apprécié que chaque compétence ait un fonctionnement propre qu’il faut apprendre à dompter pour en exploiter le potentiel. D’autant qu’il est possible d’utiliser simultanément deux compétences ; voilà encore un élément qui vient appuyer la nécessité de tester et garder en mémoire les meilleurs associations.

Au sujet des reliques, elles sont plus simplement des objets qui octroient des effets passifs. Mieux vaut alors évidemment dénicher des reliques qui entrent en synergie avec nos compétences. D’autant que le fait de récupérer deux fois la même relique ou compétence permet de voir ses effets améliorés. Ces deux pans du chara-building entrent alors en symbiose pour offrir des runs optimisés aux habitués du theorycrafting que nous sommes. Avec un peu de jugeote, il est en effet rapidement aisé de comprendre la logique de composition des builds. De la variété peut néanmoins être introduite par la présence, assez tôt dans le jeu, d’une seconde arme de base : l’arc. Celui-ci amène un second souffle au gameplay en octroyant un autre versant dans la façon d’appréhender les combats. Dans le cadre de la Coop, il permet également de se répartir les tâches et les compétences/reliques de façon efficace. Si l’on pourrait penser que la brute du groupe sautera sur l’épée, tandis que le couard se saisira de l’arc, il n’en est rien. Les attaques à l’épée requièrent d’une part, comme nous l’avons déjà dit plus haut, un certain sens du timing. Et d’autre part, le gameplay à l’arc permet des assauts furieux à l’aide des tirs rapides, alternés avec des tirs chargés qui traversent les ennemis. Voilà donc de quoi cribler et perforer à l’envi.

Le jeu est beau, le son est bon, tout comme les animations

Ember KnightsArc ou épée, compétences ou reliques, les animations visuelles sont très agréables à l’écran. D’une lisibilité limpide, elles nous guident dans ce que nous faisons de bien (frapper, esquiver principalement) ou mal (prendre des coups, mal viser…). Sans nous appesantir de trop, mentionnons simplement le caractère particulièrement jouissif du « DODGE » qui apparaît lorsqu’une esquive est réalisée dans le bon tempo. Cela vient appuyer la sensation de groove que l’on éprouve après quelques heures de jeu à peine, lorsqu’on commence à avoir l’Ember Knight bien en main. Second exemple, les compétences peuvent, avec un certain degré de maîtrise là encore, être lancées dans le timing optimal pour décupler leurs effets. On obtient alors un Perfect Skill particulièrement appréciable dans les combats contre des ennemis nombreux ou puissants.

Pour en finir avec la logique de building, le jeu propose également des bonus passifs qu’il est possible de permuter avant de se lancer dans la partie. Ainsi, il est par exemple possible de démarrer son run avec plus de pièces d’or ou de recevoir des soins après chaque salle pacifiée… Autant de choix qui nous invitent à envisager notre stratégie d’équipement le plus tôt possible. L’ensemble des éléments déblocables sont accessibles via le Hub du jeu, dans lequel viennent se réunir les PNJ rencontrés. Il est vraiment plaisant de s’y retrouver pour débloquer nos nouvelles reliques et compétences, consulter le bestiaire ou passer nos nerfs sur le mannequin d’entraînement. Les moments passés près de l’Arbre sont comme de courtes respirations entre deux runs endiablés. Nous avons adoré que le décor soit enrichi à mesure que notre aventure progresse. Mention spéciale aux petits personnages qui s’amassent peu à peu dans le Nexus : ces intrépides balayeurs font une mascotte parfaite du fait de leur grande mignonnerie. Les retours dans le Hub ne sont donc jamais vécus comme des sanctions, on y débloque nos nouvelles compétences et reliques. C’est également l’occasion de profiter de calmes mélodies.

Allant de pair avec le visuel des animations, le sound design est très réussi. A la manière d’un Neon Abyss, le jeu propose des musiques entraînantes qui se déclenchent en même temps que le début des combats. On est alors encouragés à trouver le fameux « groove » que nous évoquions plus haut. Ce tempo parfait qui permet de nettoyer la salle en décimant les ennemis sans être touché une seule fois est vraiment grisant. Les petits jingles qui apparaissent en cas de victoire contre un Boss nous galvanisent également avant de monter d’un cran dans l’échelle du péril. En outre, l’ambiance générale est renforcée par la présence de visuels somptueux, qui donnent une identité aux 3 grands niveaux qui composent pour l’instant cet Early Access. La beauté des lieux est renforcée par la trame de couleurs chatoyantes qui est utilisée. On a donc presque l’impression de naviguer dans un cartoon.

Durée et choix de vie (ou de mort)

Ember KnightsBien qu’en Early Access, Ember Knights propose un défi consistant. A titre d’exemple, certains mini-boss représentent un sacré challenge, notamment en raison de leurs variations. En effet, à la manière des monstres normaux qui disposent d’une version « élite » et d’une version « champion » leur octroyant de nouvelles attaques et capacités, les mini-boss existent en plusieurs versions. La rejouabilité s’en trouve grandement enrichie, tout comme le challenge proposé. Les Boss eux-mêmes sont très intéressants à affronter. Ils disposent de patterns singuliers, qu’il faudra probablement découvrir à la dure. Car en effet, on meurt souvent dans Ember Knights, mais comme le disait Nelson Mandela : on ne perd jamais vraiment. Soit on gagne, soit on apprend. Entre speedrun furieux et theorycrafting minutieux, plusieurs façons de jouer sont possibles. La présence de la Coop vient par ailleurs renforcer l’éventail de possibilités. Quel que soit donc votre style de jeu, le fun et le défi seront au rendez-vous.

Car si la recette des niveaux générés de façon procédurale s’avère particulièrement goûtue avec Ember Knights, nous avons également beaucoup apprécié les choix qui nous sont laissés au fil de l’aventure. A chaque gain de relique / compétence / statistique, on dispose de 3 possibilités qui orientent le gameplay et favorisent les synergies. A la sortie de la plupart des salles, plusieurs embranchements sont proposés. On entrevoit alors la récompense présente dans la salle et, parfois, la nature des ennemis qui la défendent (élites, mini-boss ou boss). A chaque passage par la boutique, le vendeur, par ailleurs fort sympathique, offre un choix (réduit) d’items capables d’enrichir notre build. En bref, le chemin est tracé mais c’est vous de définir comment vous comptez l’emprunter.

Conclusion

Finalement, Ember Knights apparaît comme une très belle fleur dans le paysage fourni des Roguelites. Si nous devions résumer notre expérience de jeu en quelques mots, nous dirions que le jeu démontre un beau sens de la mesure. Gameplay nerveux, mais réflexif. Défi de taille, mais les runs ne sont pas répétitifs. Contenu encore un peu timide, mais bien pensé. Bande son qui rythme l’aventure et pixel-art bien léché. En bref, cet Early Access est bien plus que prometteur, Ember Knights nous paraît avoir toutes les armes pour se tailler une place de choix aux côtés des maîtres du genre tels que Dead Cells, The Binding of Isaac ou encore Hades pour ne citer qu’eux.

*Test réalisé sur PC

Ember Knights

14.99 €
9

Note

9.0/10

POINTS POSITIFS

  • Un Gameplay Nerveux à souhait
  • Des graphismes chatoyants
  • La bande son très immersive
  • Les différentes possibilités de builds
  • La difficulté croissante et bien dosée

POINTS NÉGATIFS

  • Bestiaire dont on fait vite le tour malgré les élites / champions
  • Obligation de jouer le run d'une traite (quitter le jeu termine le run en cours)
  • Equilibrage des compétences et reliques parfois assez inégal
  • Quelques bugs mineurs
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