Chants of Sennaar, développé par Rundisc et édité par Focus Entertainment, fait parler de lui sur PC (Steam), Nintendo Switch, PlayStation 4 et Xbox One. Entrez dans un monde labyrinthique et coloré où l’exploration, les énigmes et surtout les mots sont au cœur du gameplay. Le jeu vous met au défi de résoudre des puzzles avec le lourd handicap de ne comprendre aucune des langues des personnages. Est-ce que le jeu saura se faire comprendre des joueurs pour qu’ils en disent du bien ? Je vous donne la réponse ci-dessous.
Une autre tour de Babel
En tout premier lieu, parlons de l’intrigue de Chants of Sennaar. Dans un endroit désertique, dans une époque au moins aussi lointaine que l’Antiquité sinon plus, se trouve une tour. Un jour, pour une raison qui restera inconnu jusqu’à la fin du jeu, un sarcophage s’ouvre et votre personnage en sort. Vous, le joueur, ne savez pas qui vous incarnez ni la raison de votre présence dans ce sarcophage. Aucune cinématique ne vous explique l’intrigue, vous êtes livré à vous-même dans ce monde labyrinthique et n’avez pour seules armes qu’un carnet et un crayon. Vous n’avez donc pas d’autre choix que d’errer dans des décors colorés.
Vous vous rendez alors compte que le bâtiment est plus vaste qu’il n’y paraît puisqu’il abrite plusieurs peuples, que tous les étages sont des labyrinthes et qu’il y a des cours d’eau sur lesquels on peut naviguer. Vous découvrez également que les relations entre les différents peuples de la tour ne sont pas bonnes, pour ne pas dire quasiment inexistantes. En effet, ils vivent tous séparés, chacun ayant son étage en guise de territoire, sa propre langue et sa propre culture. Quand le passage d’un territoire à l’autre n’est pas physiquement inaccessible, il est par mépris interdit par l’un des peuples au regret du peuple précédent. Quelques rares individus tentent bien de communiquer avec leurs voisins à l’aide de la visioconférence (oui, ça existe déjà à cette époque), mais les barrières de la langue et de l’alphabet les empêchent de se comprendre.
Le jeu revisite donc le mythe de la Tour de Babel avec cette société divisée en castes. Pour progresser dans ce jeu qui dispose d’une bande-son bien fournie, vous devez donc accéder, ou plutôt vous infiltrer dans les différents étages jusqu’à ce que vous atteigniez le sommet de la tour. Maintenant que l’intrigue a été abordée, parlons maintenant des mécaniques du jeu.
Quand la traduction devient un jeu
Ce jeu d’aventure narrative et de puzzles se distingue par son concept original. Pour comprendre le fonctionnement des mécanismes, résoudre les énigmes et ainsi progresser, il faut pouvoir déchiffrer les inscriptions et les paroles des habitants représentées par des symboles. Grâce au carnet du personnage principal, vous devez associer un mot à un symbole et vérifier si votre théorie est juste en attribuant ce symbole à un dessin représentant un mot. Afin de rendre le jeu abordable, c’est le personnage principal qui indique au joueur qu’il est en mesure d’associer des glyphes à un dessin en ouvrant spontanément son carnet pour gribouiller. En revanche, le jeu maintient une certaine difficulté en ne permettant pas de traduire les glyphes un à un : il faut toujours relier plusieurs glyphes à plusieurs dessins d’un coup. Pour deviner au mieux le sens d’un symbole, il vous faut explorer l’environnement, parler aux habitants et solliciter vos capacités de déduction.
Chaque langue à traduire est un défi car elles n’obéissent pas aux mêmes règles. Ainsi, si notre langue repose sur la structure sujet-verbe-complément avec des mots pour indiquer le genre et le nombre, ce n’est pas le cas de toutes les langues du jeu. Un peuple peut alors ne pas avoir de mot indiquant le pluriel tandis qu’un autre peut parler comme Yoda dans Star Wars. Comprendre les différentes langues vous permet également de découvrir peu à peu ce monde et son histoire, ou plus exactement deviner certaines informations. Il faut souligner que tous les personnages parlent de façon concise, donc ne vous attendez pas à de longs discours expliquant le lore. Ils parlent comme dans une bande dessinée : les symboles sont écrits dans les bulles de dialogue. Toutefois, ils émettent tout de même des sons afin de vous indiquer le ton avec lequel ils s’adressent à vous.
J’insiste sur ce point : c’est à vous d’explorer méticuleusement chaque mètre carré de labyrinthe, de repérer toutes les inscriptions sur les murs ou les objets pour récolter des indices et voir les changements que vous provoquez dans la tour. Rassurez-vous, il est toujours possible de revenir en arrière et d’explorer les territoires précédents tant que vous ne déclenchez pas la cinématique de fin car le jeu est un monde ouvert. Les perfectionnistes voulant collecter un maximum de succès (les succès Steam pour les joueurs PC, par exemple) peuvent donc le faire en une partie, sans craindre de devoir en recommencer une autre.
Puisqu’il s’agit d’un jeu d’énigmes et de puzzles, il faut aborder la question de la difficulté. Bien que le jeu soit noté PEGI 7, c’est-à-dire conseillé aux joueurs de 7 ans et plus, la difficulté n’est pas enfantine pour autant, loin de là. Elle est au contraire généralement raisonnable du point de vue d’un adulte, hormis quelques énigmes et mécanismes dans la deuxième moitié du jeu dont le principe est obscur pour tout le monde. Heureusement, vous pouvez toujours finir par le découvrir en essayant des choses au pif, à condition d’être armé de patience. Si vous explorez bien toutes les pièces des différents territoires, tous les symboles peuvent être traduits. En bref, Chants of Sennaar saura vous résister et vous faire réfléchir, mais sans être insurmontable comme les jeux de la saga Myst pouvaient l’être. A présent, penchons-nous sur les aspects techniques du jeu.
Un jeu compréhensible
La maîtrise du jeu est simple sur PC puisque tout est réalisable à la souris, mais vous pouvez aussi utiliser certaines touches du clavier. Dès les premiers mètres, le jeu vous explique les commandes qui sont difficilement plus intuitives. Un clic gauche à l’endroit où vous voulez vous rendre, et vous accourez. Un clic gauche sur le bouton du haut pour accéder à votre carnet. Un clic gauche sur un symbole, vous tapez le mot voulu et vous cliquez sur la flèche pour valider. Maintenez le bouton gauche pour faire glisser un symbole jusqu’à la place voulue dans le carnet.
Le menu principal de Chants of Sennaar est complet : il vous permet de commencer une nouvelle partie ou d’en charger une déjà existante, ce que tous les jeux ne permettent pas. La sauvegarde est automatique et semble s’effectuer dès que l’on entre dans une pièce, donc vous pouvez reprendre exactement où vous souhaitez sans devoir répéter des actions à nouveau. Cet aspect du jeu est particulièrement appréciable lors des quelques phases d’infiltration. En effet, si le personnage se fait attraper au cours d’une de ces phases, il n’y a pas de game over : il réapparaît aussitôt, sans temps de chargement, dans la même pièce où il s’est fait repérer, sans devoir tout refaire depuis le début.
Si chaque territoire est immense et labyrinthique, il est possible de se téléporter d’une zone à l’autre en se rendant à des endroits dédiés, ce qui est un gain de temps considérable et indispensable. Dans ce même souci d’aider le joueur, il est possible de mettre en évidence les éléments avec lesquels il est possible d’interagir, ce qui permet de ne pas passer à côté d’un chemin dissimulé par le décor. Enfin, lorsqu’un personnage s’adresse au protagoniste avant de partir, il est possible de “relire” à volonté ce qu’il a dit en cliquant sur une marque située à l’endroit où il se trouvait. Le joueur ne peut donc être bloqué que par ses propres capacités et non des oublis ou des problèmes techniques du jeu.
Conclusion
Chants of Sennaar est un jeu original et particulièrement agréable. Bien que l’intrigue reste discrète, elle demeure suffisamment captivante pour encourager le joueur à persévérer jusqu’au dénouement de l’histoire. Les différentes mécaniques de jeu, notamment la traduction, la résolution de puzzles, et occasionnellement l’infiltration, évitent que le joueur ne s’ennuie. Si la traduction s’avère trop ardue par la déduction, il est toujours possible de la réaliser avec patience.
Tous les puzzles peuvent être résolus si le joueur a pris soin d’explorer minutieusement chaque recoin du territoire où se trouve le puzzle, afin de traduire un maximum de mots. Les puzzles difficiles à comprendre sont rares, ce qui rend le jeu accessible à tous, y compris à ceux qui ne sont pas habitués aux jeux d’énigmes et de puzzles. La difficulté reste raisonnable, ce qui garantit une durée de jeu satisfaisante. De plus, le jeu est esthétiquement magnifique dans son style, et la bande-son, à la fois agréable à écouter et suffisamment variée, ajoute à l’expérience.
Si vous recherchez un jeu de puzzles doté d’une intrigue profonde et poétique, Chants of Sennaar est fait pour vous. Maintenant que je vous ai donné mon avis, n’hésitez pas à nous faire part du vôtre sur nos pages Facebook et Twitter ou via les commentaires sur notre site.